D'est en ouest, du nord au sud de la ville du Vieux Rocher, le badaud de passage ou même l'autochtone ne risque pas de rencontrer sur son chemin le moindre jet d'eau. Constantine en est, il est vrai, totalement dépourvue. Dépouillée progressivement de ces ouvrages, au fil des ans, l'antique Cirta a perdu, en même temps, un peu de son identité et de son histoire, d'autant que les quelques jets d'eau qui existaient contribuaient grandement à la préservation de son charme ancestral. Or, du bassin qui trônait au cœur de la place des Martyrs (ex-La Brèche) et dont l'eau jaillissante empruntait les couleurs des lampes qui l'illuminaient, jusqu'à celui antérieurement situé au niveau de la place des Nations unies et ses lions sculptés dans la pierre, les jets d'eau de Constantine ont été sacrifiés. A ces derniers, l'on a plutôt préféré la facilité du labourage définitif des sites, à un entretien permanent. C'est le cas, notamment, du jet d'eau jouxtant la mosquée Emir Abdelkader lequel a cédé la place à un rond- point, suite aux travaux de la trémie, achevés en 2005. C'est d'ailleurs le sort connu par d'autres jets d'eau comme ceux de la place des Martyrs, de la place des Nations unies et de la cité Daksi, situé en face de la clinique rénale. Tous ces ouvrages se sont tous mués… en ronds-points. Ne pouvaient-ils pas être plutôt nettoyés, rénovés, relookés et agrémentés au lieu de les transformer en un emplacement aride où trônent quelques fleurs desséchées ? C'est à croire que l'ambition de moderniser, restructurer et embellir -prétendument- la ville du Vieux Rocher, n'arrive à pas à se fondre avec la notion du beau. Partant, cela a indéniablement porté atteinte à l'image d'une ville qui aspire à se hisser au rang de métropole, à la faveur de quelques projets, dits structurants, et dont les travaux sont pratiquement lancés au forceps. Nouvelle création urbanistique datant d'une décennie à peine, la nouvelle ville Ali Mendjli n'est, quant à elle, guère mieux gâtée que son « aînée ». Des centaines de constructions érigées à perte de vue, d'autres en voie d'achèvement, des bâtiments administratifs et des locaux commerciaux à tout va, par contre, l'on ne relèvera la présence d'aucune note de créativité et de beauté architecturale au sein d'un conglomérat de béton dénué de la moindre touche artistique. Le wali de Constantine avait, pourtant, laissé entendre un jour l'intention des pouvoirs publics de dresser un jet d'eau semblable à celui du château de Versailles en France, au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjli ! Mais, il semblerait que la réalité a fini par être noyée dans l'océan des rêves irréalisables. Quelles chances de bonne longévité auront, dès lors, le téléphérique, le tramway et autres projets « lourds » quand on n'arrive pas à entretenir un immeuble, un jardin public ou un jet d'eau ?