« Constantine possède une beauté unique. Elle recèle des potentialités touristiques à part. Mais tout cela n'est pas mis en valeur. » C'est en ces termes que M. Benakmoume, directeur du tourisme à la wilaya de Constantine, a résumé la situation du secteur touristique de la ville des Ponts. Constantine : De notre bureau Il faut dire qu'outre ses ponts que tout le monde connaît , l'antique Cirta c'est aussi Tiddis, à 30 km du chef lieu, une ville romaine pratiquement intacte, c'est le tombeau de Massinissa qui rappelle aux amnésiques que Cirta a été la capitale de la Numidie, c'est le monument aux morts qui jette un regard éblouissant sur la vallée du Hamma, sans oublier , le chemin des touristes, situé au fond du ravin qui balafre la ville de part en part. Et la liste n'est pas exhaustive. " Le chemin des touristes va être réhabilité prochainement et il sera la principale attraction de la ville. Les arcades romaines seront elles aussi mises en valeur, ainsi que d'autres sites délaissés jusqu'à présent. Mais il faut que l'APC joue le jeu, car il est bien beau de restaurer ou de réhabiliter, mais quand la commune ne suit pas pour les travaux d'entretien et le gardiennage, tout sera à refaire au bout de quelques mois. Si les sites de la ville sont d'une beauté à couper le souffle, l'environnement immédiat composé d'ordures et de voyous ferait fuir le plus intrépide des touristes ", ajoute le même responsable. C'est vrai que si Constantine possède des attraits très particuliers, elle possède aussi la particularité d'être l'une des métropoles à laisser ses sites à l'abandon, sans gardiennage et où l'on accède sans payer. Les exemples sont légion car aussi bien Djebel Ouahch que la forêt d'El Meridj, ainsi que le monument aux morts et la totalité des ponts et autres curiosités de la ville sont complètement délaissés et se transforment le plus souvent en un antre de voyous et de revendeurs de boissons alcoolisées et de drogues. Alors qu'il serait avantageux du point de vue financier et pour l'emploi d'affecter des gardiens à ces sites comme cela se fait partout dans le monde… " Il n'y a qu'une décision politique qui puisse sauver Constantine de la déliquescence. L'exemple le plus édifiant reste le tombeau de Massinissa qui a été réhabilité et livré au public quand l'Etat a pris sérieusement le problème à bras le corps ", dira le directeur du tourisme. Si le tableau de la situation des " atours " de Constantine n'est guère reluisant, il faut également jeter un œil sur les capacités hôtelières de la ville. Et là aussi le constat n'est guère brillant. Avec une capacité de 1300 lits, l'antique Cirta ne peut satisfaire une demande sans cesse croissante. Il faut dire qu'avec 17 hôtels, dont six seulement sont classés, Constantine est à la traîne quand il s'agit d'accueillir des touristes. Déficit en infrastructures hôtelières Actuellement, le déficit en lits se chiffre à 6 mille unités. Il faudrait donc multiplier les capacités existantes par cinq pour pouvoir satisfaire les touristes ou autres hommes d'affaires qui transitent par Constantine. Il faut savoir que ce déficit sera comblé partiellement par la construction de plusieurs hôtels dans les deux années qui viennent, à commencer par les deux Accor d'une capacité de 578 lits. Les travaux avancent aussi sérieusement au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli qui accueillera elle aussi deux nouvelles infrastructures, en plus du complexe sur la route de Ain Smara, à dix km du chef lieu ainsi qu'un hôtel mitoyen de " L'arc en ciel ", à la sortie de Khroub, à 15 km de Constantine. A terme donc, Constantine doublera ses capacités d'accueil avec 1400 lits supplémentaires, ce qui est loin de suffire à combler le déficit énoncé plus haut. En attendant, la ville se démène comme elle peut pour héberger ses hôtes comme elle peut, car, et il faut le souligner le nombre d'étrangers visitant Constantine est en croissance continu, avec une palme spéciale pour les anciens français d'Algérie, les pieds noirs que l'on croise tout les jours autour des monuments de la ville, où dans les ruelles et venelles de Constantine. A titre d'exemple, Cirta a reçu la visite de 12320 étrangers en 2001, 10962 en 2002, le pic ayant été atteint en 2005 avec 19012 touristes pour retomber en 2006 à 17000. Les français arrivent loin devant les italiens et les allemands ainsi que les japonais et les chinois intervenant dans la réalisation de l'autoroute Est-Ouest et la réhabilitation du réseau d'eau potable. D'autres nationalités ont été enregistrées, comme des maliens ou des nigériens, qui n'ont aucunement l'étoffe de touristes, mais plutôt à la recherche d'un boulot en attendant l'eldorado européen, quoique les statistiques locales assurent que plus de 60% des visiteurs de la ville sont de vrais touristes. La tendance penche aussi vers des visiteurs des pays de l'Est de l'Europe depuis quelques temps et les …américains. " Nous venons d'accueillir un groupe de 15 japonais envoyés par une agence de voyage du Sud " nous dira M. Boudraâ, directeur du mythique hôtel Cirta, un quatre étoiles d'une capacité de 76 chambres. " C'est que depuis quelques trois ans, nos capacités d'accueil ne suffisent plus, car en plus du tourisme d'affaires, il y a aussi le tourisme culturel et celui lié à la mémoire avec les pieds noirs qui viennent souvent en pèlerinage ". Il reste que malgré ces notes d'optimisme Constantine ne dispose pas pour le moment d'une ZET, ou d'un foncier à même de promouvoir la chose touristique. Un problème qui va sans doute se résorber comme nous le dira le directeur du tourisme qui a reçu des garanties de sa tutelle : " Nous comptons beaucoup sur les agences de voyages qui sont un maillon essentiel dans le domaine du tourisme. C'est vrai qu'avec des agences comme " Numidia " ou " Le rocher " je ne peux qu'être satisfait, mais il faut qu'il y en ait d'autres pour ramener les étrangers dans des conditions acceptables " . " Aujourd'hui, je suis optimiste pour l'avenir, car en plus de la réhabilitation du tissu touristique existant, les projets structurants comme le tramway, le téléphérique, ou le pont géant ne pourront que jeter une note un peu plus éblouissante d'une ville époustouflante, et fera de Constantine un vrai pôle touristique régional " conclura M. Benakmoume.