Sous un soleil de plomb de ce mois d'août, le douar Beni Djamaâ, situé à 3 kilomètres à l'ouest de la commune d'El Affroun a, à notre arrivée, toutes les allures d'un village fantôme. Sous la chaleur caniculaire dépassant les 35° à l'ombre, la présence de quelques jeunes est l'unique signe de vie dans ce douar où, selon les dernières statistiques, près de 10 000 personnes y résident. Rongés par l'oisiveté, ces derniers étaient assis sur des morceaux de pierres rêvant d'un avenir meilleur. S'approchant d'eux, Djamel, 35 ans chômeur de son état, nous informe que tous les mots s'avèrent faibles pour décrire la détresse dans laquelle vit la jeunesse dans ce douar. Le chômage y fait fureur, laissant le chemin libre à tous les types de déviances. « Nous n'avons bénéficié d'aucun projet destiné aux jeunes tels que des locaux commerciaux ou professionnels. Même les infrastructures de loisirs font défaut, et ce contrairement aux autres localités de la wilaya », se désole notre interlocuteur. Les moyens de transport sont aussi insuffisants. Pour se rendre à cette bourgade, il faut attendre plus d'une demi-heure des minibus usés dont la destination principale est la commune de Oued Djer. Même l'abribus, installé aux abords de la route, est dans un état déplorable au point où il n'en reste que le nom. A l'intérieur du douar : « No comment », selon les dires d'un sexagénaire. L'état des lieux est catastrophique. Les habitants se plaignent surtout de l'absence d'un programme pour l'amélioration urbaine dans les différentes artères de ce petit village. « Dès le crépuscule, notre quartier est envahi par une obscurité effrayante, au point où il nous est impossible de sortir de nos demeures. En l'absence d'un éclairage public, notre village sombre dans un climat d'insécurité semblable à celui de la décennie noire », insiste Ali, fonctionnaire père de 6 enfants. Son voisin, Omar, fustigera les travaux inachevés entrepris par les autorités locales qui n'ont bitumé que les grandes artères du douar. « La plupart de nos ruelles ne sont plus que boue en hiver et poussière en été », ajoute-il. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le raccordement en gaz de ville, les chutes de tensions d'électricité et la situation irrégulière du foncier empoisonnent aussi le quotidien des résidants. Cela sans compter le passage irrégulier des éboueurs, qui par voie de conséquent transforme le douar en une véritable décharge publique. Interrogé à ce sujet, le P/APC d'El Affroun, M. Kebir, nous a déclaré que la plupart de ces problèmes seront pris en charge dans les prochains jours. « En ce qui concerne le bitumage, nous avions entamé une première opération qui a visé les axes principaux du douar. Elle a nécessité une enveloppe dépassant les 13 millions de dinars. Nous avons mené une opération d'amélioration urbaine qui s'est résumée à la réhabilitation de l'éclairage public et l'aménagement de caniveaux pour l'évacuation des eaux de pluies. Nous avons prévu, pour les prochains jours, le lancement d'une deuxième opération de bitumage qui ciblera, cette fois-ci, les différentes artères secondaires. Une enveloppe de 12 millions de dinars lui a été allouée », a-t-il déclaré. Pour ce qui est des autres problèmes, tel que celui du déficit des infrastructures de jeunesses, le premier magistrat de la commune d'El Affroun nous a annoncé que cela est dû au manque en matière d'assiette foncière. « Le terrain sur lequel repose le douar est finalement une propriété privée. Le morcellement du grand lot de terrain ainsi que la vente des lots s'est faite dans des conditions anarchiques. Nous essayerons du mieux qu'on pourra de régler ce problème dans les plus brefs délais », a-t-il conclu.