Une commission d'enquête israélienne, censée examiner les aspects juridiques de l'assaut meurtrier de la flottille d'aide pour Ghaza le 31 mai, a entamé ses travaux hier. Devant un auditoire essentiellement israélien, le Premier ministre israélien, Benjamin Netannyahu a joué, sans fausse note, la partition du cynisme. Dans ses paroles, il n'y a pas eu l'ombre d'un mea culpa : « Je suis convaincu qu'à l'issue de votre enquête il s'avérera que l'Etat d'Israël et l'armée israélienne ont agi conformément au droit international, je fais confiance aux combattants de l'armée israélienne et tout l'Etat d'Israël est fier », de ses soldats, a affirmé M. Netanyahu. Malgré les vives critiques de la communauté internationale sur l'agression du ferry Mavi Marmara, le Premier ministre israélien se dit « convaincu » que les soldats israéliens « étaient réellement en danger ». Au sujet du blocus imposé à la bande de Ghaza, Netanyahu persiste à accuser le Hamas de l'aggravation de la situation humanitaire. « Le Hamas, dit-il, a transformé la bande de Ghaza en une enclave terroriste, parrainée par l'Iran qui lui accorde une aide politique, militaire et financière. » La tension entre Ankara et Tel Aviv devrait encore s'aiguiser après les déclarations du boutefeu israélien. « Apparemment, dit Benjamin Netanyahu, le gouvernement turc n'a pas considéré que de possibles frictions entre les militants turcs (sur les bateaux) et nos soldats puissent porter atteinte à ses intérêts et justifier une intervention effective auprès des organisateurs de la flottille. » Et d'ajouter : « Le 17 mai, le Premier ministre turc (Recep Tayyip Erdogan) a rencontré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le président brésilien (Luiz Inacio Lula da Silva) pour une déclaration commune sur le nucléaire iranien qui était en contradiction avec la position américaine et des autres membres du Conseil de sécurité de l'Onu. De cette façon, la Turquie, quelques jours avant l'arrivée de la flottille, a renforcé sa solidarité avec l'Iran. » Il est à préciser que le gouvernement israélien qui a désigné la commission et auquel elle est redevable, a toujours affirmé qu'aussi bien le raid que le blocus imposé sur Ghaza étaient « conformes au droit international ». La commission n'est pas habilitée à examiner le processus de prise de décisions par la classe politique ni à recommander des sanctions personnelles contre les responsables politiques et militaires qui ont préparé, ordonné ou conduit le raid. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, doit être entendu mardi et le chef d'état-major, Gaby Ashkenazi, mercredi. Il sera le seul militaire à témoigner devant la commission. Parallèlement à cette commission, Benjamin Netanyahu a dû accepter sous la pression de la communauté internationale, qui ne se satisfaisait pas d'une commission uniquement israélienne, la mise sur pied par l'Onu d'un panel de quatre experts, dont un Israélien et un Turc. Ankara a également constitué sa propre commission, de même que le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU de Genève, ainsi que le contrôleur de l'Etat israélien Michaël Lindenstrauss, soit un total de cinq commissions. Neuf Turcs avaient été tués dans des affrontements avec les commandos de marine israéliens lors de l'abordage dans les eaux internationales du navire turc Mavi Marmara qui tentait de forcer le blocus du territoire palestinien de Ghaza.