La force de la photographie réside dans l'importance de contenu ». La règle s'applique en particulier à la photo-journalisme. Ces nombreuses illustrations publiées dans les journaux, les magazines et les périodiques ne sont pas choisies arbitrairement. Leur sélection obéit à des critères très rigoureux, souvent difficiles à appliquer au moment fatidique : le bouclage du journal, qui intervient généralement en fin de journée. Les lecteurs ne le savent peut-être pas : l'exemplaire du journal qu'ils achètent quotidiennement n'est fin prêt qu'après un travail très pénible en matière de mise en page des sujets et de choix des photos complétant les informations contenues dans les textes. Ces images sont, en effet, le fruit d'une très grande imagination du reporter-photographe et aussi d'un effort de toute l'équipe rédactionnelle. C'est dans le souci de perpétuer cette tradition et d'offrir à ses lecteurs un journal de haute qualité qu'El Watan engage des formations en faveur de son personnel, en particulier les photographes. Et ce, en collaboration avec l'Association mondiale des journaux (AMJ), l'Institut égypto-danois du développement et le quotidien danois Berlingske Tidende. A cet effet, un atelier photos a été organisé durant deux jours (dimanche et lundi derniers) au siège du quotidien El Watan. Il était animé par Soren Lorenzen (rédacteur en chef photographie au quotidien Berlingske Tidende), Soren Ostergaard Sorensen (consultant dans le domaine des médias) et Christian Als (photographe au Berlingske). La formation a porté sur plusieurs volets. D'abord la présentation du travail effectué par Christian Als pour Berlingske, qui accorde une importance particulière aux photos. Ayant entamé sa carrière de photographe en 2001, Christian Als a déjà à son actif plusieurs réalisations de qualité au Danemark et au Proche-Orient (à Ghaza notamment), dont certaines ont été primées. Le reporter a donc partagé avec l'équipe d'El Watan son expérience personnelle. Il a expliqué sa manière de travailler, sa façon d'aborder les sujets, les techniques de prise des photos… Photographier des personnes Christian Als a présenté également sa production multimédia, une nouvelle activité de la presse internationale. Une pratique qui consiste à prendre de courtes vidéos qui résument parfaitement l'histoire choisie. « La meilleure photo est celle qui présente des personnes », explique Christian Als. « Si on me demande d'arrêter de photographier des personnes, je crois que je cesserais d'exercer ce métier », soutient-il. Le second volet a porté sur la pratique. Christian Als a accompagné, sur le terrain, des photographes d'El Watan dans le cadre d'un reportage. Une fois le « butin » récupéré, il a fallu choisir les meilleures photos à publier dans l'édition du lendemain. Une séance spéciale a été organisée à cet effet lundi après-midi. Comment prendre les meilleures photos ? « Il faut combiner deux choses : le regard et le cœur », rétorque Soren Lorenzo. Le photographe, dit-il, doit faire appel à ses sens pour présenter l'image qui véhicule en mieux son histoire. « Une très belle photo, c'est celle qui nous raconte une histoire », explique-t-il. Selon lui, la photo doit communiquer une idée. Journaliste et photographe : pas de rivalité Y a-t-il une rivalité entre le journaliste chargé d'écrire le texte et le photographe qui illustre le sujet abordé ? Pour Soren Ostergaard Sorensen, les deux font un travail complémentaire. Le premier a besoin du second et vice-versa. « Je pense qu'il n'y a pas de rivalité entre eux », explique-t-il. Le journaliste, fait-il connaître, ne peut pas être photographe, comme ce dernier ne peut pas assumer la tâche d'écrire des textes. « Chacun a son propre talent. Et les deux ont une histoire à raconter », précise-t-il. « Celui qui réussit à faire les deux est très chanceux », dit-il.