Premier jour de Ramadhan et rituel constat : les prix s'envolent sur les marchés. Une fois encore, les assurances du gouvernement pour faire croire aux citoyens que toutes les dispositions auraient été prises pour garantir un approvisionnement et une régulation des marchés durant le mois de jeûne n'auront servi à rien. Phénomène récurrent depuis des décennies, personne n'ose croire que cette année les choses vont changer, que les consommateurs ne seront plus « saignés à blanc » au cours au moins des deux premières semaines dans leur « quête » quotidienne de viande, fruits et légumes et autres denrées dites de base qui elles, non plus, n'échappent pas à la hausse inflationniste, alors que le reste de l'année leurs prix sont plutôt stables parce que réglementés ou « administrés ». Alors, faut-il conclure qu'il n'y a fatalement rien à faire et que, même si l'Etat a importé cette année des milliers de tonnes de viande de buffle d'Inde, rien n'empêchera le prix du gigot d'agneau de Oued Djellal ou le beefsteak local d'atteindre un niveau record qu'on ne lui connaît pas le reste de l'année ? On est en droit de se demander, par la même, si tous les « efforts » à déréglementer l'activité commerciale de gros et de détail au nom du « laisser-faire » ou encore pour approvisionner les marchés dans un souci de régulation, pourraient servir à quelque chose en l'absence de tout contrôle, a posteriori sur les pratiques commerciales, en amont et en aval, pourtant prévu par la loi. Il en est ainsi de l'obligation d'affichage des prix au détail, de l'interdiction de la vente sans facture, que ce soit en gros ou au détail. Quant aux marges bénéficiaires, elles sont depuis longtemps sans limites pour atteindre des niveaux spéculatifs. L'absence de l'Etat en matière de contrôle au prétexte de l'insuffisance de moyens humains et matériels et une intervention conjoncturelle des organismes publics de régulation dans des circuits commerciaux dominés depuis longtemps par des « cartels » de spéculateurs présents jusque dans la production qu'ils financent en « amont », là où les banques rechignent à soutenir les producteurs, n'ont fait que favoriser toutes ces distorsions et encouragé la pérennisation des pratiques spéculatives dénoncées chaque année à pareille période. C'est assurément dans ces domaines que l'Etat doit songer à agir efficacement et de manière durable. La moralisation du consommateur, que l'on appelle à respecter une « hygiène de vie » plus appropriée et à avoir un comportement « moins hystérique » durant le Ramadhan, n'est certes pas la panacée tant qu'il ne se sentira pas rassuré par la présence de la puissance publique sur les marchés.