Le 26 février dernier à Sétif, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, alors qu'il venait de parapher une convention entre l'université Ferhat Abbas et l'université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand sur les mathématiques appliquées, a signé dans le même temps et le même lieu un acte historique sans précédent : pour la première fois, un représentant de l'Etat français, avec l'accord des plus hautes autorités de son pays, nous a-t-il été affirmé de source autorisée, reconnaissait que le 8 mai 1945 il y eut un massacre à Sétif relevant de la responsabilité française. La valeur de l'acte est hautement symbolique à plus d'un titre : la visite d'Hubert Colin de Verdière était le premier déplacement d'un responsable français de haut rang à Sétif, la ville qui a été au cœur du massacre du 8 mai 1945 ; la reconnaissance de ce massacre n'a pas été faite n'importe où, mais au sein d'une université, lieu par excellence où est dispensé le savoir, la connaissance et la science. Et cette université est celle de la ville de Sétif, elle porte le nom de l'illustre Ferhat Abbas. Ceci pour dire que l'écriture de l'histoire et le travail de mémoire, la coopération en matière de savoir et de connaissance constituent des chantiers-pivots de la relation algéro-française rénovée qui devra se traduire par la signature, d'ici à la fin de l'année, par les présidents Chirac et Bouteflika, d'un traité d'amitié entre l'Algérie et la France. Ce traité vise à apporter une structure permanente à la relation bilatérale et ce quels que soient les aléas politiques ou autres qui pourraient survenir. Ce sera un cadre de référence. Plusieurs moutures de ce traité ont déjà été rédigées. La signature de ce traité d'amitié dont le lieu n'a pas encore été déterminé sera marquée par des actions fortes, nous a-t-on assuré. Il n'y a pas de doute que ce projet fondateur de la relation future franco-algérienne sera au centre du déjeuner de travail qui réunira aujourd'hui à Paris les présidents Chirac et Bouteflika. La coopération algéro-française dans le domaine de l'éducation, de la formation et de la recherche universitaire, de la formation technique et professionnelle, pour ne citer que ce secteur, s'est considérablement renforcée et élargie au cours de ces dernières années. Un important programme franco-algérien de coopération universitaire sera lancé en Algérie à la prochaine rentrée universitaire. Ce programme dit « Ecole doctorale de français » couvrira les trois niveaux LMD (licence, master, doctorat). L'ensemble des projets est sous l'autorité du haut conseil universitaire et de recherche mis en place en automne 2003. L'ambassadeur de France a rappelé à Sétif que ces projets concernent un programme de bourses ouvert aux étudiants, aux enseignants-chercheurs et aux cadres du secteur public (5000 boursiers ont été formés en France depuis 1986) ; un programme de projets de recherche d'une durée de 2 à 4 ans, sélectionné sur appels d'offres par des experts des deux pays : 600 projets de recherche conjoints ont été menés à bien, plus de 500 thèses ont été soutenues et plus d'un millier de communications de niveau international ont été produites. Trois nouveaux projets de recherche ont été sélectionnés en décembre 2004 ; un programme de mise en place d'une école doctorale de français, qui vise à préparer, sur une période de 4 ans, 2000 docteurs, appelés à occuper des fonctions d'enseignement dans les universités algériennes ; l'Ecole supérieure algérienne des affaires d'Alger (ESAA), qui assurera la formation et le perfectionnement de cadres et de dirigeants d'entreprises : les enseignements du MBA exécutif ont débuté en janvier 2005, ceux du mastère débuteront en septembre prochain ; des programmes de coopération particuliers entre diverses institutions supérieures algériennes et de grands organismes de recherche français, tels l'IRD, le CNRS, l'INSERM et le CIRAD. La coopération universitaire couvre un budget de 4,5 millions d'euros. Le projet de l'école doctorale de français est évalué à 6,5 millions d'euros sur 5 ans. Plus de 21 000 étudiants algériens sont inscrits dans des universités françaises, principalement en 2e et 3e cycles. La France est également présente dans la coopération multilatérale avec l'Algérie dans le cadre de l'Union européenne. D'autres programmes de coopération bilatérale visent à accompagner les réformes en Algérie, dans le domaine éducatif, financier, économique, institutionnel, administratif et technique : formation de cadres, modernisation des administrations publiques, mise en œuvre de normes de droit...