Dans la lutte contre la pandémie qui touche le pays depuis plus de cinq mois, le gouvernement vient de reconduire pour 15 jours l'interdiction de la circulation automobile entre 29 wilayas, accompagnée d'un confinement total de la population entre 20h et 5h le lendemain. Pour certaines communes du sud du pays, il est même avancé à 17h. Après une légère baisse, la semaine dernière, le nombre des contaminations quotidiennes est repassé au-dessus des 600 cas et celui des décès à plus de 10 par jour, la situation sanitaire est aujourd'hui encore plus préoccupante. Et ce, à la veille de la célébration de l'Aïd El Adha et de son rituel, dont on sait qu'il est l'occasion de regroupements familiaux et où il est difficile de faire respecter les gestes barrières, dont le port du masque et la distanciation physique. La crainte manifestée par les spécialistes, le personnel soignant en premier lieu, de se retrouver face à une recrudescence des infections dues à la Covid-19, par le simple fait d'une plus grande circulation du virus, se trouve des plus justifiées. Et par conséquent, d'être confronté à la multiplication de ces fameux clusters, familiaux en l'occurrence. Des foyers potentiellement infectieux qui risquent de se disséminer à plus grande échelle. D'ailleurs, des scientifiques, des professeurs en médecine ont lancé un véritable cri de détresse en direction du pouvoir politique pour attirer l'attention sur les risques que représente, aujourd'hui, la célébration d'un rituel comme celui de l'Aïd El Adha sur la santé des Algériens. Ils n'ont pas été entendus. Alors que la situation sanitaire dans les structures de santé se dégrade, non seulement au sein de celles dédiées à la Covid-19, mais également dans celles qui restent encore nécessairement en activité dans les hôpitaux, comme la cancérologie, la cardiologie, maladies chroniques... la crainte d'être dans l'obligation de cesser ces activités est présente de plus en plus, face à la multiplication des contaminations, notamment parmi le personnel soignant. Comme ne cesse de le répéter, à juste titre, le Pr Bouzid du service oncologie de l'hôpital Mustapha d'Alger. Quant aux structures dédiées à la Covid-19, l'on sait à travers les comptes rendus de la presse où en sont les choses. Un personnel soignant sur la «brèche» depuis bientôt six mois et pratiquement au bord du burn-out, débordé par l'afflux quotidien de malades, alors que l'intendance, comme on dit, ne suit pas, du fait de la centralisation et de la bureaucratie. Au final, ce sont des situations de pénurie de kits de dépistage, de réactifs pour les fameux tests PCR pour lesquels l'Institut Pasteur est très fortement sollicité. Face à autant de lourdeurs et près de six mois de pandémie, les autorités, pas uniquement sanitaires, n'ont toujours pas compris que devant la gravité de la situation, il faut une gouvernance d'urgence, loin des pratiques procédurières et à même de dépasser les méandres administratives, que sont les appels d'offres et autres consultations qui demandent du temps, des avis contradictoires, etc. Dans ce contexte national chargé d'inquiétudes, l'on apprend, par exemple, qu'en ce moment même, un test de dépistage rapide capable de donner des résultats en 10 minutes, fiable à 70%, mis au point par un laboratoire algérien, est toujours soumis à la procédure d'homologation qui tarde à se prononcer de manière claire ! Et que, par ailleurs, une entreprise pharmaceutique algérienne ronge son frein dans l'attente d'une autorisation pour produire des kits de dépistage qui font défaut actuellement. Décidément, dans ces moments difficiles, il faut se rendre à l'évidence que chez nous, la bureaucratie est l'autre virus à combattre en même temps que la Covid-19.