Les robes noires ne décolèrent pas. Ils ont observé hier un rassemblement dans l'enceinte de la cour d'Alger où ils ont exprimé leur colère contre, entre autre, le ministre de la Justice : «Non à une justice aux ordres», «Zeghmati, dégage», «Barakat barakt de cette injustice !», sont autant de slogans scandés par les avocats. Ils étaient nombreux à prendre part à cette manifestation organisée dans la matinée en guise de protestation et de solidarité avec leur collègue le bâtonnier du barreau d'Alger, Abdelmadjid Sellini. Les avocats en colèrepromettent de hausser le ton, de maintenir la pression et de multiplier les actions sur le terrain jusqu' à ce que justice soit faite. Ils en veulent au ministre de la justice qui, disent-ils, n'a aucun respect pour les professionnels de ce secteur et pour l'appareil judiciaire. Pour les protestataires, l'incident de ce jeudi à Alger touche non seulement le bâtonnier Sellini, mais aussi toute la famille de la défense. « Lorsqu'on porte atteinte à l'honneur de la défense représentée en la personne de l'avocat, la situation est grave, l'on touche le fond. Ce sont les libertés qui sont en danger », affirment les avocats qui rappellent aux autorités qu'il ne peut y avoir de justice sans une défense fort dans tous ses aspects. « S'il y a une volonté de tout museler, que nos dirigeants nous le dise ouvertement et sans détours », lancent les avocats qui seront à partir d'aujourd'hui en grève. Ils comptent organiser des sit-in de protestation. Ils devront également boycotter toutes les audiences qui se dérouleront à la cour d'Alger et les instances judiciaires qui y relèvent, et ce pendant une semaine, à partir de demain et jusqu'au vendredi 4 octobre. Ces actions confirmées et appuyées par l'ensemble des robes noires ont été décidées par le Conseil de l'ordre les avocats d'Alger en réaction à « l'humiliation subie par Abdelmadjid Sellini, dans le procès en appel de Mourad Oulmi et pour exprimer leur rejet de ce genre de comportement ». Demain, il est prévu l'organisation d'un rassemblement de protestation à partir de 9h30 devant la Cour d'Alger. Les avocats refusent de poursuivre les plaidoiries « dans de telle condition et de cette façon inédite, vu l'état de santé du bâtonnier, après le report des plaidoiries concernant cette affaire ». Il a été décidé aussi d'adresser une lettre pour dénoncer les atteintes dangereuses au droit de la défense, et particulièrement contre les « actions du président de la première chambre pénale de la Cour d'Alger vis-à-vis du bâtonnier d'Alger. » Le bâtonnier d'Alger a eu a plusieurs reprises à critiquer le fonctionnement de la justice et s'est aussi plaint des « atteintes » aux droits de la défense dans certains procès. Sellini a été évacué en urgence, jeudi dernier, vers l'hôpital, après un malaise qu'il a eu suiteune altercation verbale avec le juge en charge du procès en appel de l'affaire de montage automobile.