En avril 1958, le Front de libération nationale (FLN) donne son feu vert pour la création de l'Entente sportive sétifienne. Constitué de Brahim Dekkoumi (président), Abdelkader Chekroum (vice-président), Lakhdar Laïd (trésorier), Lahcene Zobar (secrétaire général), Hamadi Nefir (membre), le premier comité directeur demande à Ali Benouda, dit Layasse (un autre membre fondateur), de former une équipe. Composée de Benmahmoud El Hadi, Oucissa, Zellagui, Lebsir, Harbouche, Oukrid, Ayad, Belgacem, Abbes Attar, Messaoud Koussim, Benmahmoud Salih, et Allaoua Blagi, d'anciens joueurs de l'USFMS et du SAS, la jeune formation s'illustre car elle est née pour faire honneur à la ville du 8 Mai 1945, produire des talents, gagner des titres, représenter dignement les couleurs nationales. Humant l'air pur de la capitale des Hauts-Plateaux, l'Aigle noir brûle les étapes, prend de l'altitude, décroche la première coupe de l'Algérie indépendante en 1963. Avec son légendaire second souffle, la formation de Aïn Fouara s'approprie en 62 ans d'existence pas moins de 27 titres, dont deux Coupes d'Afrique des clubs champions. Bâti par les Dekkoumi, Hammou Mami, Youcef Bessou, El Hadj Benabid, Messaoud Koussim, des hommes intègres et désintéressés, l'édifice, reposant pourtant sur du solide, se lézarde. Il ne reste de la grande institution que le nom et l'équipe. Sans organigramme, sans organisation digne d'un petit club amateur, l'Entente en tant que club n'existe que sur papier. L'embellie d'un onze porté à bras le corps par un bataillon de supporters ne peut être l'arbre cachant la forêt. La «découpe» de ce géant aux pieds d'argile ne date pas d'hier. Elle perdure depuis presque 20 ans. La démolition a été enclenchée par de faux dirigeants ayant transformé l'Entente en un fonds de commerce, une agence immobilière et une cellule de distribution d'assiette foncière (industrielle). La préservation du lègue a été non seulement reléguée au dernier plan, mais celui-ci a été massacré à la tronçonneuse. Il est donc inutile de se voiler la face ou de cacher le soleil par un tamis. La situation actuelle n'est guère reluisante. La gestion à vue a fait son temps. Fonctionnant sans le moindre projet sportif clair, sans administration, comité et structures (de recrutement, de prospection des jeunes talents, de marketing et autres), le club cher aux pionniers doit faire sa mue... LE CSA, L'ENTREE PAR EFFRACTION... La métamorphose du club passe par le «nettoyage» de son environnement immédiat, l'épuration de la composante de l'assemblée générale du club sportif amateur (CSA), où des éléments de la vieille garde et certains chercheurs d'emploi préparent une nouvelle OPA. Les postulants au poste de président du CSA détenant plus de 94% des actions de la SSPA s'échauffent pour une «carte de visite» et une proximité avec le «chef». L'intérêt de l'ESS vient en dernier. Géré au jour le jour, El Kahla Oua El Beida a besoin de sang neuf, de dirigeants désintéressés et d'une nouvelle approche. Différente de la démarche qui a confié toutes les affaires du collectif à un staff technique étranger. A la moindre glissade, le onze sétifien se retrouvera sans entraîneur. Cette gravissime bévue n'est que la partie émergée de l'iceberg. Implantée par le grand Mokhtar Arribi, la discipline, qui a été des décennies durant l'épine dorsale de l'Aigle noir, est foulée aux pieds par certains «pros» ne se rendant pas compte que c'est l'Entente qui leur a donné un nom et non le contraire. Attendue avec impatience par les supporters anonymes, par ceux qui payent leurs tickets d'accès au stade, l'entreprise publique devant mettre une croix sur le sempiternel problème financier ne peut se réaliser avec un environnement hostile, une vieille garde responsable du marasme, les chercheurs d'emploi et l'actuel personnel qui devrait céder le témoin. La réinvention de l'Entente de demain passe par là...