Après avoir été reporté une première fois le mois d'avril dernier pour une période de six mois, le décret exécutif fixant les modalités de contrôle administratif technique et de sécurité des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes publié sur le Journal officiel le 5 janvier dernier, qui entrera en vigueur le 3 novembre prochain, est officiellement reporté selon une source proche du dossier. La décision a été prise par les services de la chefferie du gouvernement, avons-nous appris. Confronté à l'absence des mécanismes réglementaires prévus par ce même- décret, des médecins prescripteurs et des pharmaciens ont depuis quelques jours appelé au report à une date ultérieure. Un nouveau décret de report sera publié dans les prochains jours, soit avant le 3 novembre. A noter que dans un courrier adressé au ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) exhorte le premier responsable du secteur à intervenir pour une nouvelle prorogation pour l'application de ce texte réglementaire. «Notre demande est motivée par l'approche des nouveaux délais impartis fixés au 3 novembre 2020 et la constatation de la non-mise en place des outils et des dispositions que prévoit ce décret», est-il mentionné dans le courrier signé par le Dr Abdelkrim Touahria, président de l'Ordre des pharmaciens. Le CNOP revient sur l'absence des mesures réglementaires permettant l'application des dispositions du texte de loi. Il fait référence à la «non-actualisation et publication de la liste des produits psychotropes, l'absence de mise en place de mesures ou procédures au niveau des structures hospitalières (embauche de pharmaciens, les registres…), la non-implication des prescripteurs dans la mise en place des outils imposés (ordonnances et registres…), le silence des textes et des autorités sur la partie habilitée à proposer les registres des officines, ce qui a créé une situation de confusion pour les pharmaciens, vu que les registres sont proposés par plusieurs parties, la détention de ces registres par des pharmaciens non régulièrement inscrits au tableau de l'Ordre des pharmaciens, comme l'exigent la législation et la réglementation en vigueur, ainsi que la vente dans les commerces de registres contrefaits sur lesquels la désignation du CNOP a été apposée, et pour lesquels nous avons engagé les démarches judiciaires qui s'imposent», a-t-on précisé. Le président de l'Association algérienne des psychiatres privés et membre de la Société algérienne de psychiatrie, le Dr Farid Bouchane, déplore d'emblée la non-implication des prescripteurs au même titre que les pharmaciens dans l'élaboration de ce décret. «Son application pose sérieusement problème en l'absence d'une liste des produits psychotropes. Même si liste il y a, nous ignorons complètement son contenu, puisque nous n'avons pas été associés à son élaboration. Quant au registre, il faut savoir que nos patients sont systématiquement enregistrés sur un registre ou dans un fichier sur ordinateur avec toutes les caractéristiques du sujet et son suivi», a-t-il noté. Il rejette catégoriquement le modèle de «l'ordonnance à souches à trois couleurs qui risque de stigmatiser les patients», a-t-il souligné, tout en précisant que «le mésusage de certains produits psychotropes comme la prégabaline (Lyrica) ne relève pas de la classe thérapeutique prescrite par les psychiatres». Ainsi, il appelle au report de ce décret et demande de continuer à prescrire les médicaments aux patients et à les dispenser comme cela se fait habituellement par les pharmaciens. «Nous avons demandé une audience au secrétaire général au ministère de la Santé pour exposer le problème et nous attendons une réponse», a-t-il ajouté. Advertisements