A entendre les déclarations de la plupart des membres de l'Association nationale des conserveurs de tomate (ACTOM), l'année 2005 a des contours incertains pour la filière tomate. M. Hanafi Faouzi, le président de cette association, estime que celle-ci est entrée dans une phase de perturbation doublée d'une vaste révision des positions acquises jusqu'au début des années 1990. Les propos de cet homme d'affaires corroborent des informations faisant état de graves perturbations dans le milieu algérien du concentré de tomate. Les toutes récentes opérations d'importation confirment que, quelque part, l'on a planifié à moyen terme la disparition totale de la production de ce produit stratégique. Il y a d'abord ces importations illicites, via les frontières terrestres avec la Tunisie, de 20 000 tonnes/an de concentré de tomate tunisien. Il y a ensuite l'importation licite de 14 000 autres tonnes effectuée ces derniers mois à partir de la Chine. Une quantité importée directement de ce dernier pays sur le prix réel et une autre de ce même pays via Dubaï sur la base d'un prix minoré que les douaniers semblent être les seuls à ne pas voir. Les fournisseurs étrangers ont-ils une piètre opinion des opérateurs économiques algériens ? Ces importations ont déjà des conséquences désastreuses avec la mise en faillite de dix conserveries sur les vingt-deux existantes : SICS, Bousten, Saca, CAZ, Générale Bônoise, CBA et les trois unités de la Capcs Lalaymia. Plusieurs autres sont confrontées à de graves turbulences induites par des difficultés financières, pertes de change et contraintes bancaires. Déjà, l'on annonce la disparition de quelque 1000 postes de travail permanents directs et dix fois plus en indirect. L'autre conséquence négative porte sur l'abandon de la culture de la tomate industrielle par des centaines d'agriculteurs. Pour ces conserveurs, un carton de CT importé équivaut à la disparition d'un poste de travail. Ce sont ces données et beaucoup d'autres que le président d'Actom met en évidence dans l'entretien qu'il nous a accordé. Il met également en évidence les perspectives qui se dessinent pour l'année 2005. Elles dénotent, en dépit de l'inscription du CT sur la liste des produits nationaux sous protection de l'Etat, que les conserveurs mettent en avant les concurrences déloyales internes et externes. Il souligne que ces importations sont broyeuses d'emploi, faussent les signaux de croissance et orientent les investissements dans des directions improductives.