Concurrence immorale, fléaux, corruption, commerce de stupéfiants et fraude au sein des rouages internes et externes de l'Etat » sont quelques-uns des maux qu'a énumérés le président de la République, jeudi dernier, au Palais des nations, à Alger. Bouteflika estime que « l'Algérie aurait pu devenir un des meilleurs pays au monde », n'était ce genre de pratiques qui ont miné l'Etat. Cela au point de se demander : « Les pays voisins ont-ils plus d'esprit patriotique » que les Algériens ? D'ailleurs, évoquant la question de la réouverture des frontières avec le Maroc, il n'hésitera pas à faire observer : « Nos craintes ne sont pas en direction de nos voisins, mais vis-à-vis de nous-mêmes » au regard du nombre de trafiquants qui écument l'Algérie. Parlant des autres formes d'atteintes aux deniers publics, le chef de l'Etat lâchera crûment : « Il n'y aura plus de gré à gré » dans la passation des marchés de l'opérateur public. Les administrations centrales et les walis, ajoutera-t-il, « doivent se mobiliser pour éloigner tout comportement bureaucratique qui entraîne des retards coûteux, mais aussi pour veiller à la transparence et au suivi des marchés publics ». Pour cela, il observera que « le verre est plein » et que lui « ne croit plus à l'esprit révolutionnaire ». Il s'étonnera, à ce sujet, que certains (anciens moudjahidine) lui adressent des rapports où ils se disent victimes de la bureaucratie. « Que les commis de l'Etat se rebellent contre ces gens-là, si c'est au nom de la loi. » Mieux encore, il avertira que « l'Etat sévira fermement contre toute violation de la loi et contre toute atteinte aux deniers publics ». Ce n'est pas sans raison qu'il rappellera l'engagement pris, depuis son élection, de « lever les tutelles que perpétuait la légitimité révolutionnaire sur l'ensemble du peuple ». Un engagement inscrit dans le cadre de la réforme et de la modernisation des rouages et des missions de l'Etat. « C'est là un chantier dans lequel nous continuerons d'investir de grands efforts et des moyens supplémentaires pour garantir un service public de qualité ainsi que le respect de la loi », dira-t-il. En cela, la réforme de la justice constitue, selon le président de la République, « désormais une réalité palpable qu'il revient d'approfondir et de consolider pour que la loi, qui est au-dessus de tous, soit le protecteur exclusif des droits de chacun et le recours paisible pour tous les citoyens ». Précisant aux walis qu'ils doivent agir dans le respect des lois en vigueur, M. Bouteflika invitera le gouvernement à veiller à l'exécution du programme quinquennal de soutien à la croissance économique, « loin de toute lourdeur bureaucratique ». Cela ne l'empêchera pas de rendre hommage à « l'ensemble des personnels des collectivités locales pour le rôle qu'ils tiennent et le dynamisme qu'ils investissent dans l'action de l'Etat au service du bien-être de notre population ».