Dans un communiqué rendu public hier, le Collectif des clients spoliés de la banque El Khalifa se dit « consterné » et « abasourdi » par les propos tenus par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de son dernier déplacement en France. Le premier magistrat du pays a conseillé aux épargnants floués par la banque El Khalifa de « s'adresser à la justice », en faisant valoir le statut privé de l'ancien établissement financier. « Il est tout à fait clair que la banque El Khalifa est une banque privée et que quiconque a un sou dans la banque doit s'adresser à la justice », a déclaré le Président en guise de réponse à une question d'un journaliste dans la cour de l'Elysée à l'issue d'un déjeuner de travail offert par le président Jacques Chirac. Le collectif ne comprend pas ce revirement de la situation alors qu'il a déployé des efforts considérables pour exhorter les victimes à faire preuve de patience suite à l'engagement solennel du Président « à rembourser les victimes d'une escroquerie où les institutions de l'Etat ont grossièrement failli à leur mission de contrôle et de protection des biens et des personnes(...) ». « (...) Voilà que le chef de l'Etat “botte en touche” et qu'il demande aux victimes de recourir à la justice », regrette le collectif ». Le collectif rappelle qu'après la chute du groupe Khalifa en mai 2003, le ministère des Finances avait ordonné le remboursement des épargnants dans la limite de 600 000 DA, quel que soit le montant du dépôt initial. Pourquoi ce changement de ton ? S'interroge-t-il. Le Président, de l'avis du collectif, ne pourra pas mener à bien son projet de concorde nationale en laissant sur le bas-côté de la route des centaines de milliers d'Algériens qui ont cru en sa parole. « Le premier magistrat du pays doit cesser de prêter l'oreille à des conseilleurs... qui ne seront assurément pas les payeurs. Il ne peut pas se comporter en homme des promesses électorales. Son deuxième mandat est celui d'un homme adoubé par une grande majorité de la population de son pays », a-t-il affirmé.