En l'absence de statistiques, il est pour le moins difficile de mesurer l'impact de la dernière décision du ministère du Commerce de geler les importations de viandes rouges. Quid de son incidence sur les prix et sur la production ? L'Algérie produit annuellement plus de 5,3 millions de quintaux de viandes rouges, selon l'APS qui cite la directrice des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Leila Toumi. «L'ovin représente 60% de la production nationale en viande rouge et le bovin 30%, le reste, soit 10%, c'est de la viande caprine et caméline», a-t-elle précisé. Le nombre d'éleveurs ovins a atteint 230 000, a-t-elle indiqué, en se référant aux statistiques de 2020 de la Chambre nationale d'agriculture. Quant au nombre d'éleveurs bovins, ils sont 72 000 activant dans la production laitière et l'engraissement des veaux destinés à l'abattage. Pourtant, l'Algérie a toujours eu besoin de recourir au marché de l'importation. Quelle est sa part par rapport aux besoins réels du marché local ? En l'absence de statistiques, il est pour le moins difficile de mesurer l'impact de la dernière décision du ministère du Commerce de geler les importations des viandes rouges. Quid de son incidence sur les prix et sur la production ? Telle est la vraie question, hormis le fait de s'enorgueillir d'avoir réussi à économiser, à partir du 4e trimestre 2020, quelque 200 millions de dollars par an, toujours selon la même source qui cite un haut responsable du ministère du Commerce. «Notre département, en coordination avec les ministères des Finances et de l'Agriculture, a décidé de geler les importations des viandes rouges fraîches et congelées qui ne cessent d'augmenter d'une année à l'autre malgré la disponibilité du produit local», a, selon l'APS, expliqué le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Bouchelaghem. «Cette décision, a-t-il poursuivi, entre dans le cadre de la rationalisation des importations ainsi que l'encouragement des produits locaux et répond par la même occasion aux attentes des éleveurs et des engraisseurs qui se sentaient concurrencés par les produits importés.» A-t-on réellement vérifié cette affirmation selon laquelle la dernière mesure allait permettre d'encourager les produits locaux ? Pas si sûr lorsque l'on sait que cette filière souffre de maux multiples, dont celui, depuis quelques semaines, de la disponibilité de l'aliment. Mais en fait, la vraie raison de ce gel des importations est intimement liée à nos réserves de change qui rétrécissent dangereusement. C'est à juste titre que le DG du commerce extérieur rappelle que «l'Algérie, à l'instar de tous les pays, dispose d'outils juridiques lui permettant de prendre des mesures protectionnistes provisoires pour réduire son déficit commercial ou pour protéger les producteurs nationaux lorsque ces derniers se sentent menacés par les concurrents étrangers». Selon les chiffres communiqués par ce responsable, les importations du pays en viandes rouges bovines ont atteint 122 millions de dollars rien que pour les dix premiers mois de l'année 2020, dont 67,5 millions de dollars en viande fraîche et 54,5 millions de dollars en viande congelée. Il a fait constater qu'il y avait une tendance haussière de ces importations malgré la disponibilité du produit local, «ce qui va à l'encontre de l'économie nationale». Ainsi, en 2019, a-t-il indiqué, les importations avaient atteint une valeur de 210 millions de dollars (135 millions pour les viandes fraîches et 75 millions pour les viandes congelées), contre 186 millions de dollars en 2018 (104,6 millions de viandes fraîches et 81,4 millions pour les viandes congelés). En revanche, les opérations d'importation du bovin sur pied sont toujours autorisées pour approvisionner le marché en viandes rouges, a-t-il précisé, expliquant que cela est de loin «plus rentable» que l'importation de produits finaux. Advertisements