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Déficit financier et colère des travailleurs : Double malaise à Tonic Industrie
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2021

Déficitaire depuis plusieurs années, le groupe Tonic Industrie semble refuser de sortir de la zone des conflits sociaux. Aujourd'hui, ce sont les travailleurs du service d'intervention, de secours et de prévention des sinistres qui réclament justice.
En effet, depuis plusieurs semaines, les travailleurs de ce service chargé d'assurer la sécurité de l'ensemble de la bâtisse industrielle des éventuels risques majeurs protestent contre les agissements de la direction jugés contre les intérêts de l'entreprise et les droits des employés.
Dans une pétition signée par la cinquantaine de travailleurs de cette unité d'intervention, et dont nous détenons une copie, il est dénoncé une campagne de licenciements des chefs de service et de groupe ainsi que le non-versement de salaires depuis près de 7 mois. «Sur les 53 intervenants, tous détachés de la Protection civile, 7 cadres ont été relevés de leurs fonctions pour des raisons incomprises. Il s'agit de 3 chefs de service carrément licenciés et de 4 chefs de groupe suspendus de leur travail. Ainsi, les 46 travailleurs restants vont intervenir sans aucun encadrement si un incendie ou un autre risque majeur survient», déclare Samir Mokadem chef de service d'intervention technique, faisant partie des cadres licenciés.
Documents à l'appui, les sapeurs-pompiers de Tonic Industrie ont saisi toutes les instances hiérarchiques pour réclamer leurs droits, dont essentiellement les salaires.
Dans la première correspondance, ils ont saisi le directeur général de leur entreprise afin d'exposer leurs préoccupations. A la tête des réclamations, la réparation du parc matériel roulant constitué de sept camions incendie dont deux seulement sont fonctionnels. Même l'ambulance serait, selon ce courrier, en panne.
Les sapeurs-pompiers ont demandé également leur dotation en nouvelles tenues non renouvelées depuis 2015 et la réparation des moyens de communication et de transmission.
Le plus important est celui des réseaux d'incendie à l'arrêt et qui n'ont pas fait l'objet de réparation faute de pièces de rechange nécessaires. «Cette situation entraîne la non-alimentation en eau des Robinets d'incendie armés (RIA) et par conséquent aucune lutte contre les débuts d'incendie ne sera introduite. Les extincteurs d'incendie sont vétustes et inutilisables. Comment éteindre le feu dans cette situation ? Ce qui représente un danger pour la sécurité des sapeurs-pompiers ainsi que pour les citoyens. Les sites Tonic Industrie Bou Ismaïl, Chaïba et unité de stockage 18 000 doivent faire l'objet de rénovation suite à leur état de détérioration», lit-on dans cette correspondance.
D'après M. Mokadem, le risque est énorme en cas d'incendie. «Avec l'arrêt du réseau d'incendie, c'est toute l'usine de Bou Ismaïl qui partira en fumée. Dans celle de Chaïba, le réseau nécessite dans l'urgence une maintenance. Non fiable à 100%, le risque en cas d'incendie est considérable. Notre travail est humanitaire et nous sommes dans notre élément dans ce service, notamment que nous sommes tous formés de l'Ecole de la Protection civile, assermentés et nous cumulons tous des années d'expérience non-négligeables. Malgré cela, nous nous retrouvons rétrogradés et considérés comme des agents de sécurité. Nous n'avons rien contre ce métier tout aussi important que le nôtre, mais les deux métiers ne s'inscrivent pas dans le même registre. Pis encore, notre service a été dissous», souligne notre interlocuteur, qui revient à la charge en signalant que les 53 pompiers n'ont pas reçu leurs salaires depuis près de 7 mois.
Une situation de précarité qui les a poussés à envoyer des correspondances au wali de Tipasa, au médiateur de la République, au ministre de l'Industrie et au Premier ministre.
Les réponses de Tonic industrie
Selon des échos recueillis de l'intérieur de ce groupe, d'autres départements auraient rejoint l'action des sapeurs-pompiers. Ils réclament tous leur droit le plus élémentaire qu'est le salaire. Face à cette situation, la direction du groupe serait presque dans l'impasse, notamment avec la crise financière.
Un déficit qui dure depuis le passage de l'entreprise du secteur privé au public. «Notre groupe a besoin de 3 milliards de dinars pour renflouer ses caisses et préserver l'entreprise d'une faillite imminente. Sans cette somme nécessaire pour la relance de la production et le remboursement des dettes, les emplois de 1900 employés sont menacés», déclare Nabila Aouchar, responsable de la communication du groupe Tonic Industrie.
Et d'avancer pour justifier le non-versement de salaires : «La situation est générale. Elle touche tous les employés du groupe et non pas seulement les pompiers. Maintenant pour leur situation, il y a beaucoup à dire. Leur service n'a pas été dissous par ordre de la direction du groupe mais suite à un courrier reçu de la direction générale de la Protection civile», sans fournir aucun document relatif à la volonté de la DGPC de dissoudre le service d'intervention, de secours et de prévention sinistres au sein du groupe.
Quant aux licenciements, elle réfute tout abus dans la prise de ces décisions. Pour notre interlocutrice, chaque rupture de relation de travail est justifiée par des fautes commises par les employés licenciés ou suspendus nécessitant une décision extrême.
Pour Mme Aouchar, les différentes pannes déplorées par ces pompiers devaient être prises en charge rapidement étant donné que ce service avait, selon ses propos, des agents de maintenance qui lui sont rattachés.
Selon elle, l'employeur est dans son droit et n'a rien à se reprocher et Tonic Industrie a plutôt besoin d'aides financières de courte durée pour pouvoir se relever, garantir les salaires et payer les dédommagements des 270 employés libérés dans le cadre d'un plan social initié récemment.
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