Depuis une année, la gestion des deux ports de pêche de la wilaya, Bouzedjar et Béni Saf, ne relèvent plus respectivement de ceux d'Oran et de Ghazaouet. Une Unité de gestion des ports de pêche (UGPP) a été instituée pour les manager. Qu'y a-t-il eu de changé depuis ? Bouzedjar est le port le plus important d'Algérie pour son tonnage de poisson pêché, suivi par celui de Béni Saf, les deux faisant de Témouchent le plus gros producteur du pays en matière halieutique. Pour d'aucuns, depuis l'érection de l'UGPP, leur gestion unifiée les a conformés aux intérêts économiques de la wilaya. Loukil Hakim, le directeur de l'Unité, précise : «Avec nos partenaires, professionnels et autorités, c'est un fonctionnement à l'instant T tant pour ce qui est de la concertation que des décisions. Tous les impondérables qui rendaient les contacts hypothétiques ne sont plus. Il y a une fluidité de l'information qui fait que les problématiques remontent rapidement. Par ailleurs, nous disposons de seuils d'engagement financier qui autonomisent l'unité et qui nous permettent de nous engager sur des investissements.» Mais tout n'est pas rose, loin s'en faut : «Le gros défi pour nous est celui de l'accostage à Bouzedjar». En effet, bien qu'un plan d'amarrage ait été finalisé pour rationaliser l'occupation des quais, les sardiniers contrairement aux autres bateaux ne s'y sont pas pliés. Ils s'amarrent toujours horizontalement au lieu de se positionner par l'arrière, chacun d'eux accaparant 18m/l de quai au lieu de que 6 m/l : «Or, nous avons 96 sardiniers ; faites le calcul !» De la sorte, la capacité d'accueil du port qui en constitue l'essentiel, est réduite. Pour leur part, les sardiniers expliquent qu'en se positionnant latéralement, il est plus aisé pour eux de ramander leurs filets, une opération qu'ils effectuent tous les jours. Ils ne peuvent descendre leurs filets par l'arrière, leur polie élévatrice étant fixe. Ils jugent hors de prix l'acquisition d'une poulie mobile. La direction de l'Unité a proposé de libérer un quai exclusivement dédié au débarquement des filets par les sardiniers qui, cette opération effectuée, le quittent pour rejoindre leur place d'amarrage. Un chariot élévateur pour déplacer les filets est mis à leur disposition : «Nous continuerons à tabler sur la persuasion sinon nous serons amenés à faire acquitter l'amarrage sur la base du nombre de m/l occupés.» Hormis cet écueil, les nécessaires aménagements revendiqués par les professionnels depuis des décennies ont été enfin engagés. Bouzedjar, étant plus démuni en matière d'équipements, a bénéficié de plusieurs projets dont un lui permettant de gagner de l'espace sur le plan d'eau. Il s'agit d'un hivernage pour les bateaux de plaisance dont le nombre qui y amarrent atteint 380. Ce garage sur trois niveaux sur un terre-plein, qui sera opérationnel cet été, fera gagner 220m/l de quai. En outre, au niveau de la jetée, deux appontements flottants de 50m/l vont être ajoutés, soit 200m/l de quai supplémentaires. A Béni Saf, un garage d'une capacité de 60 bateaux de plaisance est en édification. Et si des ateliers de réparation sont achevés à Béni Saf et doivent être incessamment mis en adjudication, à Bouzedjar, leurs travaux sont en cours. Des magasins où les armateurs peuvent emmagasiner leurs matériels sont en outre en chantier. Ces réalisations qui vont améliorer les conditions de travail du monde de la pêche constituent également une manière de relever le niveau du chiffre d'affaire de l'UGPP puisqu'ils seront loués. Par ailleurs, mais au titre des équipements sans retour sur investissements, à Bouzedjar uniquement, il y a eu la rénovation de l'ensemble de la voierie avec la réfection de l'éclairage public et l'enfouissement du réseau électrique de façon à ne plus endurer les pannes consécutives aux intempéries. Idem pour le réseau téléphonique et celui de la fibre optique. Cet enviable agencement souffre d'une ombre au tableau en raison d'incommodantes reliques du temps du règne successif de ministres MSP sur le secteur de la pêche. En effet, trois gros chalutiers en métal, acquis flambant neufs avec le soutien de l'Etat, mais n'ayant presque jamais navigué et pourtant devenus des épaves, occupent 60m/l de quai depuis plus de dix années. Saisis par une banque aujourd'hui en faillite, Union Bank dont la liquidation traîne en longueur, l'un des trois navires risque de couler au sein du port et le paralyser. Les gardes-côtes et les pompiers interviennent régulièrement pour vider sa cale entaillée par une brèche. Des démarches pour les sortir du port ont été engagées auprès d'un tribunal d'Alger devant lequel l'affaire est pendante mais sans résultat. Advertisements