Vendredi après-midi, une foule de manifestants, armateurs et pêcheurs, a envahi le port de Bouzedjar pour dénoncer «la non-gestion» de l'infrastructure portuaire et les désagréments qui en résultent pour eux. Selon un armateur, la veille, les protestataires avaient rencontré le directeur par intérim de la pêche ainsi que celui de la Chambre de la pêche, qui leur auraient demandé de leur accorder un délai pour dénouer la situation. Or, depuis le passage du port sous la coupe de l'EGPP d'Oran en 2005, la même situation perdure comme nous avons pu en rendre compte suite à de précédentes protestations des professionnels, la dernière en date remonte à 2010. Mais, cette fois-ci, s'est ajouté un conflit avec les gardes-côtes, dont le comportement contesté de deux éléments de cette institution. Ils sont accusés d'abus de pouvoir et de propos déplacés. Les manifestants surchauffés l'ont dit au colonel des Gardes-côtes venus du port de Béni Saf pour les écouter : «Comment se fait-il qu'on nous fasse jeter nos cargaisons de poissons à la mer au motif que la taille n'est pas marchande, cela à la tête du client ? Le comble, c'est que d'un autre côté, un bateau dont le port d'attache n'est pas Bouzedjar, mais Mostaganem, a été autorisé à décharger 600 q de thon pêchés illégalement! En outre, les 80 sardiniers qui quittent le port au même moment sont tous contrôlés. Vous imaginez l'encombrement alors que les chalutiers, eux, dont les propriétaires ne sont pas de Bouzedjar, ne sont pas contrôlés.» L'officier supérieur a promis que les doléances qui lui ont été présentées seront examinées. Pour ce qui est du conflit avec l'EGPP, les motifs de mécontentement sont multiples, mais ce vendredi, les manifestants ont focalisé leurs propos sur l'absence d'un plan d'attache (plan de stationnement) à l'intérieur du plan d'eau. C'est sur la base de ce plan qu'un droit d'attache est accordé à chaque embarcation, son emplacement à quai étant matérialisé par un numéro. Or, il n'y a pas de marquage des postes à quai, ce qui ajoute à l'anarchie du fait de l'encombrement par des bateaux en stationnement depuis plus d'une décennie et devenus des épaves flottantes. Cette obstruction résulte également du fait que le stationnement sur le plan d'eau se fait parallèlement au quai et non perpendiculairement, c'est-à-dire que la proue (l'arrière) positionnée face au quai. De cette façon, il pourrait y avoir de la place pour tous. Mais pour ce faire, les autorités portuaires devraient aménager des bollards en nombre suffisant. En outre, l'encombrement résulte de la présence trop nombreuse de bateaux de plaisance : «Que rapportent ces plaisanciers aux caisses de l'Etat comme à l'économie de la région ? Nada ! Cela n'a rien à voir avec la plaisance comme ailleurs. Imaginez, la majorité d'entre eux pratique la pêche et commercialise les prises par l'intermédiaire de vendeurs à l'étalage !» Ces propos ont été confirmés par l'ex-directeur du port dans ces mêmes colonnes. Au cours de leur manifestation, les protestataires sont allés interpeler l'équipage des chalutiers en stationnement depuis une décennie sur le quai dédié au seul débarquement du poisson. L'interdiction est matérialisée par une plaque rouge à l'entrée de la halle à marée donnant sur le quai en question. Cette situation oblige les autres bateaux à débarquer leur cargaison plus loin et à engager des frais pour la livrer à la pêcherie. Afin de dépasser cette situation pénalisante, l'ex- responsable du port avait assuré que son institution avait réalisé une étude pour augmenter la capacité d'accueil du port et la faire passer de 185 bateaux à 235. Cela devait se faire à travers la réalisation de corps-morts, des sortes de pontons, qui permettent de stabiliser l'accostage des embarcations dans cette position. Cette étude avait été remise à la direction des travaux publics pour inscription en réalisation. A l'époque, celle où les pétrodollars coulaient à flots dans les caisses de l'Etat, le ministère des Travaux publics avait préféré bétonner la place de Madagh pour en faire un abri de pêche, sans réelle concertation avec le ministère de la Pêche et du Tourisme comme cela est apparu. Pis, c'est le même ministère qui avait imposé l'accueil des bateaux de plaisance au port de Bouzedjar. Cela n'a pas été fait en celui de Béni Saf. «Normal, il est loin d'Oran d'où sont les plaisanciers. Et puis, vous verrez l'abri de pêche de Madagh conçu pour ne recevoir que de petites embarcations, il va leur être livré, soyez en certain !», assène un armateur. Ce samedi, une réunion a regroupé le directeur par intérim de la pêche, le représentant de l'EGPP et les directeur et président de la Chambre de la pêche. Nous en saurons plus à l'issue de leur rencontre. Affaire à suivre.