Le médiateur de la République, Karim Younès, a déclaré, hier à Sidi Bel Abbès, que la bureaucratie constitue à la fois l'une des raisons de l'agressivité qui caractérise le comportement des citoyens et la source principale de la corruption, qui est devenue un véritable fléau social. En marge d'une rencontre avec les médiateurs de la République de l'ouest et du sud-ouest du pays, marquant la première année d'existence de l'institution de médiation, Karim Younès a réprouvé les agissements de bureaucrates «malintentionnés», d'esprits «gelés» et «sectaires», même à des niveaux élevés de la hiérarchie administrative. «Il y a lieu de relever qu'à des niveaux élevés de la hiérarchie, subsistent encore des esprits gelés, sectaires, qui tentent toujours de nuire à la volonté du président de la République d'asseoir des règles de fonctionnement de l'Etat plus conformes aux normes d'une Algérie de son temps, telle que voulue par ses citoyens», a-t-il affirmé. Après avoir écouté les interventions de plusieurs représentants de l'institution de médiation, Karim Younès a qualifié d'«inacceptables» les lenteurs constatées dans le traitement de certains dossiers administratifs. «Ces lenteurs laissent penser, dans certains cas, à une volonté délibérée d'entraver la démarche de rénovation du système de gouvernance voulue par le président de la République», a-t-il précisé, tout en rappelant que l'institution qu'il préside a pour mission essentielle de «réparer l'injustice faite au citoyen, particulièrement dans les zones d'ombre». Une mission exécutée «convenablement» depuis la création de la médiation, le 17 février 2020, malgré la modicité des moyens mis à sa disposition, souligne-t-il. Il a annoncé, à cette occasion, qu'un rapport détaillé sera remis incessamment, comme le prévoit la réglementation, au président de la République. Au terme d'une année d'existence de l'institution qu'il préside, Karim Younès a indiqué avoir tiré plusieurs enseignements, dont la disponibilité des premiers responsables de plusieurs secteurs à coopérer avec la médiation pour la prise en charge, dans des délais raisonnables, des requêtes soumises par les citoyens. «Lorsqu'il y a volonté, la majorité des problèmes trouvent rapidement le dénouement et le citoyen reprend confiance», a-t-il assuré. Mais cette tendance n'est malheureusement pas générale, selon lui. «Le mécontentement d'une partie non négligeable des Algériens est souvent légitime et provient essentiellement des difficultés rencontrées dans la satisfaction des droits civiques», a-t-il fait remarquer. L'autre enseignement est que la bureaucratie a gangrené l'administration algérienne. «Il ne sert à rien d'occulter cette réalité, mais il faut la combattre (...). Lutter contre la bureaucratie doit être le souci de tout responsable à tous les niveaux, mais également des médias qui doivent dénoncer toute entrave à la récupération d'un droit», a-t-il souligné. Pour lui, la lutte contre la bureaucratie et son corollaire la corruption doit être l'œuvre de toutes les bonnes volontés, «indépendamment des divergences politiques saines, lesquelles pourront s'exprimer dans le respect mutuel, l'éthique et la non-violence». Il a réitéré, à cette occasion, son appel à dénoncer et à sanctionner les bureaucrates «malintentionnés», pour ne pas véhiculer une image «négative» de l'administration algérienne, «au sein de laquelle existent de nombreux fonctionnaires dévoués et intègres». Karim Younès a également appelé à l'allégement, au mieux, des procédures administratives et à réduire «la pression psychologique qui agresse les Algériens». Advertisements