À quelques encablures de Theniet Ennasr, au nord de Bordj Bou Arréridj, jaillit, depuis belle lurette Takboucht, une source d'eau fraîche, au bas-côté de la route, qui deviendra la RN106. Selon la plaque commémorative, en 1892 les eaux ont été captées dans une fontaine érigée en pierres pour optimiser leur exploitation en vue d'approvisionner en eau potable les habitants du village limitrophe Jedida mais aussi pour irriguer les vergers et potagers, construits sur des banquettes en cascades et en harmonie avec la nature géographique abrupte de la région. Comme dans toutes les fontaines, un abreuvoir a été prévu pour les bêtes et qui fera, plus tard, office de piscine au grand bonheur des gamins qui affluaient en été pour se rafraîchir et prendre trempette. Jusqu'à un passé récent, le lieu fut une attraction irrésistible, qui invitait à une halte pour les usagers de la route et les foules venues des parages et même d'ailleurs, rien que pour remplir des jerricans et des bouteilles en cette eau pure qui sortait des tripes des montagnes. Aujourd'hui, la fontaine, ou ce qu'il en reste, n'est qu'un lointain souvenir. Tout simplement, elle est asséchée. Pour que l'endroit idyllique laisse place à la désolation et aux buissons et herbes sauvages qui la rongent de tous bords. Mais à qui incomber le paysage de désolation ? «Le débit s'amenuisait d'année en année pour se réduire à néant, comme vous pouvez le constater. Et cela fait trois ans que la fontaine est au sec, principalement, à cause de la sécheresse qui sévit, mais aussi à cause de l'indifférence de l'homme qui ne fait rien pour l'entretenir. Heureusement, les populations des alentours sont approvisionnées depuis le barrage, sinon cela aurait pu être la catastrophe pour nous. Même la source, connue inépuisable située en bas de la colline a vu son débit significativement baisser, à cause de la sécheresse», se désole un riverain. L'attention des responsables devrait être attirée par l'état de dégradation de cette fontaine mythique, pour procéder à des travaux de réhabilitation en attendant de meilleures conditions météorologiques qui feront le reste. Car, il serait un sacrilège de laisser disparaître un lieu si attractif qui drainait des caravanes de visiteurs de partout, rien que pour se désaltérer et profiter de la pureté de son eau. Une eau aussi «limpide que douce que l'eau des sources de Diar Bikr» évoquée dans le Rouge et le Noir de Stendhal. Advertisements