La campagne électorale pour les législatives du 12 juin prochain se déroule dans un climat de monotonie sidérante et de politique de répression tous azimuts des marches hebdomadaires du hirak, notamment à Alger et dans certaines grandes villes du pays. De toute évidence, le contexte n'est pas très favorable pour la tenue d'un scrutin qui garantit les conditions d'un suffrage universel. Nombreux sont ceux qui considèrent que cet investissement politique, coûteux et intempestif, revient à donner un coup d'épée dans l'eau, dans la mesure où il ne risque pas de prendre en charge les revendications populaires pour un changement démocratique. Telles qu'elles sont menées, ces consultations électorales sont parties pour ne pas mobiliser grand monde. Le boycott sera à coup sûr à la mesure du grand nombre de partis et de personnalités politiques ayant pignon sur rue qui ont pris la décision de les bouder. L'absence des formations comme le RCD, le FFS, le PT, l'UCP de Zoubida Assoul ainsi que toutes les personnalités politiques dont l'ancrage dans la société est évident, et plus particulièrement dans le camp démocratique, va immanquablement porter un coup à la crédibilité de ces élections. Ce n'est pas pour rien que ces acteurs de premier plan de la scène politique nationale, telle qu'elle a existé du moins jusqu'au 22 février 2019, la date de l'avènement du hirak, ont déserté le terrain de l'opposition traditionnelle pour s'engouffrer dans le grand mouvement de contestation populaire visant à faire échec au système politique qui a vu naître et prospérer, des décennies durant, tant et tant de supercheries électorales et de déconfitures politiques. Aujourd'hui, le choix de poursuivre la mise en œuvre de la feuille de route politique du pouvoir, au risque même de déboucher sur des résultats aussi décevants que ceux du vote pour la révision de la Constitution, fait peser sur ses concepteurs l'immense responsabilité historique que cela implique au niveau des réalisations et des défis à relever. Le pays ne peut raisonnablement se permettre de fossoyer le plus grand projet d'investissement politique de l'Algérie dans des pseudo-réformes de courte vue au nom de la démocratie. La campagne électorale, qui a commencé il y a déjà dix jours, semble toujours aussi invisible qu'à ses débuts mais, plus grave encore, les discours et les débats que les candidats sont censés soulever durant cette période semblent sans prise réelle sur le vécu et l'intérêt des Algériens. Et ce ne sont pas les sujets qui manquent à l'heure où l'Algérie se débat dans des difficultés multiples, comme la légitimité politique des institutions élues, la séparation des pouvoirs, la question des libertés d'expression, de la presse… ; bref, toutes les libertés démocratiques. Au registre de l'économie, le constat est alarmant. Pourtant, les officiels se gargarisent toujours de chiffres impossibles à vérifier. Récemment, le ministère du Commerce a affirmé que l'Algérie devrait pouvoir porter le niveau des exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars d'ici la fin de l'année 2021. Rien que ça ! Comment ? Nul ne le sait. Et personne ne s'en émeut ! Advertisements