Le pouvoir ne fait pas qu'ordonner les arrestations d'activistes à tour de bras et des poursuites judiciaires à un rythme exponentiel. Il organise également des élections. C'est, pour l'heure, et pour longtemps, le seul point de rencontre possible entre les dirigeants en place et l'opposition ainsi que le mouvement de contestation qui se poursuit dans certaines régions du pays. L'option du dialogue, initialement conseillé par des spécialistes en faveur d'une transition négociée, a été enterrée avant ses premiers balbutiements. Il ne reste, en dépit de l'ensemble des dénégations, que la voie des élections pour gagner quelques parts du pouvoir et sortir le pays – entendre l'environnement immédiat du citoyen – de cette sclérose invasive. Les formations politiques ayant boycotté les dernières législatives constateront que la nouvelle APN sera mise en place sans tenir compte des objections, des réserves ou des récriminations formulées dans des déclarations invariablement recyclées depuis plusieurs années. La configuration de la Chambre basse du Parlement qui s'apprête à entamer sa législature est, du reste, un vrai motif d'inquiétude sur le sort qui sera réservé aux Assemblées locales, dont le renouvellement anticipé interviendrait dans les prochains mois. Quelques signes avant-coureurs ont été perçus dans un récent conclave partisan, où l'idée de participer aux élections locales n'était pas frappée, dans le discours des responsables, du sceau de l'interdit ou de l'impensable. Sans s'encombrer du mot «participation» largement diabolisé, il faudra se résoudre à un nouvel engagement, une remobilisation et un redéploiement politique. Le scénario du renouvellement approximatif, sinon calamiteux, de l'APN n'est clairement pas souhaité dans les Assemblées communales et de wilaya. Une Assemblée populaire nationale inaudible et sans relief écornera un peu plus l'image du pouvoir, qui paraîtra plus isolé et sans projet viable, une tournure des événements qui ne va pas décontenancer l'opposition. Mais l'abandon des APC et des APW à des groupes interlopes, à d'improbables gestionnaires rescapés des campagnes anticorruption, est une perspective alarmante pour la société comme pour les partis qui seront éligibles à la disparition de la scène politique. Le défi n'est pas seulement d'affronter résolument le rendez-vous imminent des élections locales. Il est, en fait, de remettre à plat le mode de gestion actuel et de réinventer la gouvernance locale en la replaçant intégralement dans une dynamique de développement. Les Assemblées locales devront être gérées comme des entreprises et les élus soumis à l'obligation de résultats. Elles sont, actuellement et majoritairement, réduites au rang d'associations culturelles. Les seuls chapitres menés à leur terme concernent la réalisation de stèles et d'effigies pour mieux revivre le passé et oublier de préparer l'avenir. Une APW qui a la dimension et les moyens de révolutionner l'économie locale se trouve enferrée entre une statue monumentale et un festival de la chanson. Un destin enfermé entre le recueillement, la célébration et l'exaltation. L'éventail des initiatives peut aller de la création d'entreprises de recyclage des déchets jusqu'à l'aménagement des zones d'expansion touristique pour créer des dizaines de milliers d'emplois et un effet d'entraînement sur tous les secteurs d'activité. La démocratie effective coïncidera nécessairement avec le développement socioéconomique. Advertisements