Le procureur adjoint près le tribunal de Koléa, Abdelkrim Laroui, relevant de la cour de Blida, vient d'être suspendu de ses fonctions, a-t-on appris de source judiciaire, jusqu'à ce que son cas soit tranché par le Conseil supérieur de la magistrature qui, près de deux mois après son élection, attend toujours d'être installé par le président de la République. La décision de suspendre le magistrat intervient presque deux ans après un grave incident qui s'est produit (au mois de mai 2003) à Bou Ismaïl (wilaya de Tipaza) et qui a suscité la consternation des habitants de cette paisible ville côtière. Tout a commencé avec un vol par effraction commis dans le domicile du magistrat du tribunal de Koléa qui, emporté par la colère, avait giflé son voisin. Cette brutale réaction avait provoqué une rixe entre les deux familles qui sont voisines et avait failli tourner au vinaigre lorsque le magistrat avait brandi son pistolet et tenté, devant la panique de ses voisins, d'en faire usage. Il aura fallu l'intervention d'un de ses collègues, présent sur les lieux, pour éviter le pire et maîtriser ainsi la colère du magistrat qui a causé des blessures graves à une femme, la sœur du voisin, qui ont nécessité un arrêt de travail de 21 jours, délivré par les services de médecine légale de l'hôpital de Douéra où elle a été transférée. Son frère, également grièvement blessé par arme blanche, a pour sa part obtenu un certificat d'une incapacité de travail d'une durée de 15 jours, tandis que sa mère, âgée de 72 ans, a eu des blessures légères. La plainte qu'elle a déposée au commissariat de Bou Ismaïl n'a jamais abouti. Ce qui a poussé la victime à engager une action en justice contre le magistrat auprès du même commissariat. Malheureusement, cette plainte est restée lettre morte. Logique, du fait que le mis en cause est procureur adjoint du tribunal de Koléa, territorialement compétent. Compliquant davantage la situation, les policiers du commissariat de Bou Ismaïl ont fait état de leurs procès-verbaux de « coups et blessures volontaires réciproques », mettant en échec toute action allant dans le sens de la réparation judiciaire. Voyant que la justice n'arrivait pas à être rendue, la victime a saisi la presse pour dénoncer ce qu'elle a qualifié d'abus de pouvoir. La victime a également interpellé les plus hautes autorités du pays afin que cette affaire soit prise en main. La réponse ne s'est pas fait attendre, puisque le ministère de la Justice, par le biais de sa direction générale des droits de l'homme et des affaires pénales, a informé la plaignante, mère de trois enfants, que sa requête a été envoyée au procureur général près la cour de Blida, en date du 10 juillet 2004 (soit plus d'une année après), territorialement compétent, pour être prise en charge. A signaler que le tribunal de Koléa ne cesse de faire parler de lui ces derniers temps du fait des nombreuses affaires qu'il n'arrive pas - ou qu'il ne veut pas - à traiter. La dernière est celle liée à ce baron de l'import-import, arrêté la semaine passée par le service central de la répression du banditisme, dépendant de la police judiciaire, et mis sous mandat de dépôt après avoir été présenté au tribunal de Chéraga, près la cour de Blida. En effet, ce richissime commerçant de Koléa a réussi à étouffer, au niveau de ce tribunal, une plainte pour des chèques sans provision d'un montant de 110 millions de dinars, alors que, pour des sommes de loin moins importantes, de nombreuses personnes croupissent en prison. Lors de la conférence de presse animée par le directeur adjoint du service central la répression du banditisme, l'officier a clairement sous-entendu que le baron tire sa puissance dans la région de ses relations assez douteuses avec les responsables des institutions de l'Etat, notamment la justice et les services de sécurité. Le tribunal de Koléa était pour ce commerçant un lieu qu'il connaissait parfaitement du fait des relations particulières qu'il entretenait avec le procureur et son adjoint, le juge et le président.