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Le temps des urgences
Publié dans El Watan le 15 - 09 - 2021

On peut expliquer la crise qui frappe le pays par la pandémie de coronavirus. Mais ce n'est pas toute l'explication. L'argument que la vie économique est sévèrement impactée par les mesures de confinement imposées ici ou là de par le monde est recevable, mais il est insuffisant.
Presque deux ans depuis la prise de fonction de la nouvelle équipe au pouvoir, l'économie continue de tanguer dans le bourbier des dérèglements qu'elle a subis, l'engrenage infernal de la bureaucratie qui l'étouffe et le manque d'anticipation de ceux qui la dirigent.
Il est tout de même inconcevable qu'on peine, depuis le mois de janvier 2020, à élaborer les nouvelles lois qui cadrent l'économie nationale plongée dans une insoutenable stagnation. Enormément de temps perdu à «bidouiller» un nouveau code des investissements qui, pour l'instant, n'est toujours pas sorti des tiroirs.
Le Conseil national de l'investissement n'a pas siégé depuis deux ans, l'Agence nationale du développement de l'investissement, les organismes qui gèrent le foncier industriel, en l'occurrence l'Aniref et le Calpiref, sont mis en veilleuse pour subir des réformes et des remises à jour visiblement plus lentes que les pas d'une tortue. Comment prétendre relancer l'économie si l'on ne reconsidère pas l'urgence des thérapies qu'elle nécessite ? Cette question se pose aujourd'hui avec acuité.
C'est bien beau de se réjouir du petit score des exportations hors hydrocarbures et de la réduction de la facture des importations, mais lorsque l'on scrute le champ désertique de l'investissement, aussi bien étranger que national, il y a bien lieu de s'en inquiéter et de tirer la sonnette d'alarme. L'Algérie donne l'image d'un pays qui tourne en rond, dont l'économie n'arrive pas encore à s'affranchir de la dure habitude de la rente des hydrocarbures, et vit dans la terrible angoisse des fluctuations des marchés pétroliers sur lesquels nous n'avons aucune maîtrise.
S'il est bien clair que le discours officiel fait montre d'une réelle prise de conscience des défis à relever pour l'économie nationale, il est en revanche incompréhensible que la parole ne trouve pas de prolongement dans le réel.
Et cela dure depuis deux ans. Il est impossible, quelle que soit la volonté des uns et des autres, de réussir le décollage de l'économie sans réformer le système financier, sans débureaucratiser l'acte d'investir, sans instaurer les règles élémentaires de transparence, sans «tuer» la gangrène de l'informel, sans se départir des politiques qui imposent le maintien sous perfusion d'un secteur public en faillite, et surtout sans accorder de la valeur au temps.
Dieu sait que le pays en a beaucoup perdu. Il est légitime qu'aujourd'hui, tout le monde exige des dates et un échéancier pour la réalisation des objectifs assignés au plan d'action du gouvernement, présenté au Parlement par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane. La relance de l'économie ne peut attendre plus qu'elle n'a attendu jusque-là.
Encore faut-il s'affairer, expressément, à remettre le pays dans la sérénité politique et lui donner de la visibilité. C'est un investissement d'un autre genre mais dont la relance économique dépend.
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