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Le temps qu'on perd
Publié dans El Watan le 28 - 10 - 2021

En août 2020, la conférence nationale sur la relance économique avait rassemblé tous les états-majors de l'économie du pays, opérateurs, experts, partenaires sociaux et les décisions-makers, les détenteurs de la décision. Tous les acteurs étaient là, conviés à venir au chevet d'une économie malade.
Ce fut un moment d'euphorie qui promettait de soigner ses maux à la racine. Pour ce faire, un ministère chargé de la Prospective, (qui n'existe plus) avait été créé et même sans trop tarder avait rendu son rapport diagnostic, fixé les objectifs et traçant la voie à suivre pour reconstruire une économie totalement déstructurée vivant sous perfusion de la rente pétrolière. Pour soutenir le développement du pays, Mohamed-Cherif Belmihoub préconisait la création de 1 à 2 millions d'entreprises en 2021.
C'était peut-être trop demandé pour une économie coincée entre les tenailles d'une irrémédiable bureaucratie. Le projet de libérer l'économie des démons qui l'habitent et de se mettre au travail s'avère être finalement une ambition démesurée qu'on ne peut lire que dans les discours de ceux qui sont en charge des affaires du pays, mais difficile à retrouver sur le terrain de la réalité. Mettre deux longues années dans l'élaboration du nouveau texte sur l'investissement qui peine encore à sortir des tiroirs du ministère de l'Industrie et du gouvernement démontre toute la difficulté à surmonter l'inertie qui prend en otage la relance de l'économie nationale. Les blocages bureaucratiques sont-ils à ce point indépassables ?
Le manque d'empressement à libérer le texte en question est en lui-même un très mauvais signal à l'adresse des investisseurs, qu'ils soient nationaux ou étrangers. Car, il ne peut être perçu que comme une absence de volonté de mettre en place un écosystème sain qui affranchirait l'initiative et favoriserait la création d'entreprises, la richesse et l'emploi. On a mis deux années à parler du partenariat public-privé et d'un nouveau cadre juridique pour relancer les entreprises moribondes du secteur public sans jamais pouvoir passer à l'action, de même pour le système financier dont on préconise une réforme profonde avec l'ouverture du capital de certaines banques. On nous dit encore aujourd'hui que le processus est en cours de préparation. Jusqu'à quand cela va-t-il continuer ?
Le pays a déjà perdu trop de temps, mais on n'arrête pas de se perdre en conjectures. La relance de l'économie n'est pas une affaire d'alignement de chiffres tout en surveillant la fluctuation fiévreuse des marchés pétroliers. C'est en fait une question de volonté à mettre en place des solutions opérantes, et elles sont connues. Seulement, aucune ne peut fonctionner si le climat social et politique continue à nourrir l'angoisse et la fébrilité du monde de l'entrepreneuriat et des affaires. La relance de l'économie et les investissements ont besoin de confiance et d'apaisement.
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