L'année 2021 aura été finalement celle où le phénomène de l'inflation a été confirmé pour s'établir au niveau élevé de 9,2%, tel qu'il a été annoncé la semaine dernière par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Rosthom Fadli. Les choix du gouvernement sur la politique économique du pays, dans un moment de crise financière aggravé de surcroît par l'impact de la pandémie, ont été finalement vite rattrapés par cette inflation que tout le monde redoutait. La Banque mondiale, dans son dernier «rapport de suivi de la situation économique» de l'automne 2021, rendu public cette semaine, dresse un constat peu reluisant de la situation et prévoit même de nouvelles diffi-cultés, pour les toutes prochaines années, à restaurer les grands équilibres macro-économiques. «La politique monétaire visera à équilibrer la nécessité de financer la reprise et le déficit public tout en maîtrisant la montée des pressions inflationnistes. L'inflation restera élevée pendant la période de projection, détériorant ainsi le pouvoir d'achat des ménages dans la mesure où la dépréciation du taux de change et les politiques de compression des importations entraînent une raréfaction des produits importés, ainsi qu'une augmentation du coût de la consommation et de l'investissement. Malgré l'amélioration des conditions de liquidité, les besoins élevés de financement budgétaire et les préoccupations liées à la préservation de la stabilité monétaire limiteront la disponibilité du crédit pour financer la reprise», affirme sans ambages la BM. Le gouverneur R. Fadli, on s'en souvient, s'est plaint sérieusement, lors de la rencontre annuelle à Alger avec les DG de banques, du fait qu'il y ait sur les comptes de la Banque d'Algérie pas moins de 1500 milliards de dinars qui sont «oisifs». L'analyse sus-mentionnée de la BM serait-elle donc la réponse à réserver aux interrogations relatives à la très faible mobilisation de crédits malgré la reprise des liquidités ? La situation budgétaire du pays est dans une fragilité certaine dès lors que les déficits s'accumulent d'année en année. «La dette publique explose en 2021, alors que le Trésor met en œuvre un programme massif de rachat de créances pour soutenir le secteur public», rappelle la BM. Et ensuite de préciser : «En 2020, le Trésor a financé un déficit budgétaire global considérable en utilisant les reliquats du financement monétaire du programme 2017–2019 et les liquidités des entités publiques. De ce fait, la dette publique est restée stable, atteignant 49,8% du PIB fin 2020. Au premier semestre 2021, les autorités ont commencé par demander des avances à la Banque d'Algérie (BA), entraînant une augmentation temporaire des passifs envers la BA. En juillet 2021, elles ont lancé un vaste programme de rachat de créances d'une valeur excédant les 15,3 milliards de dollars, rachetant les dettes des entreprises publiques en difficulté envers les banques publiques, en échange d'obligations du Trésor. Pour compenser les banques publiques, un Programme spécial de refinancement (PSR) a permis à la BA de leur fournir un financement en échange de la remise en garantie des bons du Trésor acquis dans le cadre du programme de rachat de créances». Les Réserves de change ont été de 46 milliards de dollars à lundi dernier, selon le gouverneur de la BA. Advertisements