Quel traitement accorder à la dette de l'Eniem pour garantir la pérennité et une meilleure exploitation de cette entreprise d'électroménager ? « Cela relève, avant tout, de la responsabilité de l'Etat, en sa qualité de propriétaire et premier actionnaire », avait répondu son directeur général, M. Yadaden, lors du forum de la Dépêche de Kabylie, le week-end dernier. L'établissement connaît actuellement d'énormes problèmes financiers et fait face à un endettement handicapant, car ne disposant pas d'apports en devises. « Depuis 1997, l'Eniem a perdu 7 milliards de dinars en raison des fluctuations du taux de change et traîne une dette de 12 milliards de dinars dont 70% vis-à-vis de la banque. Cela génère une facture annuelle d'un milliard de dinars d'intérêts », précise le DG de l'Eniem. Les difficultés de trésorerie ont fait chuter sa production à 30% de ses capacités. En sus de deux plans d'assainissement consentis par les pouvoirs publics pour l'ex-Sonelec, « un retraitement de la dette a été initié en 1997, mais sans résultats probants. Une mesure a été accordée à l'entreprise en février 2002 portant sur le gel de sa dette pour l'année 2002. Cette opération a permis effectivement de relancer l'activité de production et de commercialisation », ajoute l'invité du forum. L'orateur révèle que depuis cette date, une reprise s'est concrétisée et l'Eniem a enregistré une augmentation significative de son chiffre d'affaires entre 2001 et 2004. Celui-ci est passé de 2,6 à 5,5 milliards de dinars pour la même période, « mais l'équilibre financier reste précaire », note-t-on. Selon M. Yadaden, les intérêts dus à la banque génèrent une énorme pression sur l'entreprise qui, malgré cela, revendique 65% de parts de marché sur les réfrigérateurs et cuisinières (avec une production annuelle respective de 200 000 et 60 000 unités). Le directeur a tenu à préciser que « l'endettement de l'Eniem n'est pas l'effet d'un acte de gestion mais la conséquence d'une conjoncture ». Sur un autre plan, les difficultés financières de l'entreprise ont généré des centaines de pertes d'emplois durant cette quinzaine d'années. « L'ex-Sonelec qui était la deuxième plus grande entreprise de Tizi Ouzou après la Cotitex, emploie actuellement 2885 travailleurs, en plus de centaines d'emplois indirects », apprend-on lors du forum. Alors qu'au faîte de son essor, l'établissement avait plus de 5 000 emplois. Répondant, lors de sa création (années 1970), à une vision sociale de l'économie, le complexe électroménager a vu le jour pour répondre aux besoins sociaux de la région et maintenir les populations rurales. Mais « depuis 1989, l'entreprise fut transformée en une société par actions, dont l'Etat détient le capital. Et l'Eniem, après être filialisée, accéda ainsi à l'autonomie en disposant d'un conseil d'administration ». L'effectif ouvrier a été nettement réduit depuis 1993 par les nombreux plans sociaux, que cela soit en départs volontaires ou retraite anticipée. Une indication : depuis 1997, l'Eniem a enregistré une perte de 740 emplois.