En invitant Césaria Evora, l'Etablissement Arts et Culture savait que l'invitation lancée serait une totale réussite et susciterait un véritable rush. En effet, la première soirée a drainé un monde incroyable. Bien que prévu à 21 h, les portes de la salle - affichant déjà complet - se sont refermées vers 19h30. Dehors, l'ambiance était électrique. Ici et là, des grappes humaines se sont amassées. Certaines personnes tentaient de négocier aimablement avec les vigiles pour prétendre à une éventuelle place. Rien à faire. Aucune place n'était disponible. Il faut dire que tous les billets se sont vendus comme des petits pains, jeudi dernier. Les plus malins se sont dirigés vers l'accès réservé à la presse nationale. L'envie était tellement forte d'assister au spectacle que des personnes n'ont pas hésité à supplier des journalistes de leur faciliter l'accès. Témoin, ces trois femmes ayant effectué le déplacement de Sétif pour rencontrer leur fan. Ce sera peine perdue puisque les journalistes accrédités étaient munis d'un badge. A 21 h passées, les musiciens - tous originaires de la Havane - envahissent la scène pour entamer une introduction très rythmée. D'un pas lent et mesuré, Césarea Evora fait son entrée pieds nus, sous un tonnerre d'applaudissements. La salle pleine à craquer se lève pour saluer majestueusement cette grande dame de la chanson. Dotée d'un vrai sens de l'humour et d'une immense générosité, elle remercie ses convives d'un sourire généreux. Micro en main, elle gratifiera, de sa voix inimitable, le public de ses plus célèbres tubes dont ,entre autres, Club Sodate, Vaz d'amour, Sao Vicente Di Longe, Cabo verde, Distino Di Belita, Café Atlantico. Enchaînant morceau sur morceau en langue portugaise, cette ambassadrice de la musique cap-verdienne a véhiculé durant une heure et demie la culture de son pays. Une musique qui puise sa racine dans les sonorités traditionnelles de la morna - cette musique voyageuse qui porte un point commun entre le fado portugais et la samba brésilienne - et de la coladeira. Ces deux genres évoquent les sentiments d'un peuple insulaire et de sa nostalgie du pays. Connue pour ses gestes imprévisibles, la diva interrompt un laps de temps son concert pour s'assoupir...et griller une cigarette. Pendant ce moment de ressourcement en direct, les musiciens jouent quelques balades, sous l'œil complice de Césara. Elle reprendra de plus belle, en entonnant d'autres morceaux tels que Bessami Moutchou et en se déhanchant difficilement, poids de l'âge oblige. De belles répliques étaient données entre la chanteuse et le saxophoniste Jacque Morelenbaurn, réputé pour sa touche de sonorisation brésilienne et pour sa danse rythmée. Une véritable osmose s'est tissé entre le groupe et le public. Un public « gourmand » qui n'arrêtait pas de solliciter d'autres titres et qui se déhanchait au gré de la musique. Impossible de retenir ces corps bercés par des sons multiples à essence africaine. comme pour la remercier de sa brillante prestation, des youyous et des slaves d'applaudissements fusaient de partout. Très émue, Césaria se retire discrètement de la scène, accompagnée de ses musiciens pour réapparaître afin d'offrir un dernier extrait à ses fans. Des fans comblés par cette soirée inoubliable.