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Marchés hebdomadaires à Annaba
Anarchie et insécurité
Publié dans El Watan le 20 - 04 - 2005

Dans la wilaya de Annaba, l'anarchie est présente dans les marchés publics où l'informel et l'illicite disputent la place à tout ce qui est balisé dans un cadre légal.
El Hadjar, Sidi Amar, El Bouni et le chef-lieu de wilaya sont les communes les plus touchées par cette anarchie, face à laquelle les pouvoirs publics donnent l'impression d'être impuissants. Il en est ainsi du marché hebdomadaire parking du complexe sportif du 19 Mai où se rencontrent chaque vendredi des milliers de citoyens et où l'on fait rarement une bonne affaire, les risques d'être détroussés sont réels. Tout autant que ceux de voir son véhicule en stationnement vidé de son contenu par ceux qui, gourdins et armes blanches bien en vue, vous agressent du regard, verbalement, et en cas d'opposition, physiquement. Sous les yeux de ceux censés assurer la sécurité des biens et des personnes, avec leur mine patibulaire, des adolescents issus des quartiers et des cités difficiles sous le contrôle de véritables truands vous imposent la garde de votre véhicule. Un véritable racket s'opère sans que nul trouve à y redire sous le fallacieux argument « du chômage ». Ce lieu, où se côtoient honnêtes gens, commerçants, concessionnaires d'autos « du dimanche », receleurs, voleurs, délinquants, truands, repris de justice, vendeurs et consommateurs de drogue et de psychotropes, flambeurs et frimeurs de tout âge, représente, donc, la place forte de l'illicite beaucoup plus que du licite. La même situation est relevée au marché des fruits et légumes, effets vestimentaires, électroménagers à El Bouni. Il ne se passe pas un jour sans que des habitants de ce chef-lieu de daïra de 120 000 âmes se présentent à notre rédaction pour se plaindre de l'absence de sécurité et des atteintes quotidiennes à l'environnement. Visiter cette commune un jour de marché, c'est avoir l'impression de vivre dans une favella, une des villes du Brésil. Là où règne la mafia de tout genre et la prostitution. Rien ne se fait comme ailleurs. « La loi, vous la voyez à travers la voie publique que ces marchands squattent, la présence de ces délinquants et repris de justice qui n'hésitent pas à agresser au vu et au su de tout le monde. Vous la voyez aussi à travers la saleté de nos rues, le mauvais état de la route, les atteintes à l'environnement, la promiscuité des animaux domestiques errants, et par la vision de ces prostituées qui hantent nos quartiers et cités, ces débits de boissons alcoolisées clandestins. Que voulez-vous de plus pour vous prouver qu'El Bouni ressemble à Chicago à l'époque de la prohibition », s'est révolté Djamel Eddine Bounhas un fonctionnaire. Il a précisé qu'il n'est pas conseillé de trop s'attarder le soir à El Bouni. Ces deux situations à Annaba et El Bouni trouvent leur prolongement à El Hadjar et Sidi Amar à une dizaine de kilomètres plus loin. Les marchés quotidiens et hebdomadaires anarchiques sont cités au titre de facteurs de cette dégradation généralisée du quotidien des citoyens. Pour les unes et les autres de ces communes, le problème peut être résolu par une réorganisation de tout ce qui a trait au commerce tout genre. A partir de là intervient le grand marché d'intérêt régional El Izdihar de plus de 10 ha implantés à Sidi Salem où le taux du chômage de la population est le plus élevé à l'échelle de la wilaya. Inauguré en 2001, il peut accueillir plus de 2000 exposants à ciel ouvert été comme hiver. Des calculs de bas étage en totale contradiction avec le programme de relance économique ont été dans sa sous-exploitation depuis des années. Avec 4 accès, le marché El Izdihar comprend des locaux commerciaux, un show-room de 100 m2, une cafétéria-restaurant, un parking pour 1000 véhicules et une aire d'exposition de 3000 véhicules (touristiques, bus et gros tonnage). Il est organisé de telle manière qu'il permet la tenue de différents types de marchés ou souks non seulement à destination des populations de Annaba mais aussi de plusieurs régions limitrophes comme Guelma, El Tarf et Souk Ahras. Cette infrastructure socioéconomique avait nécessité plus de 70 millions de dinars d'investissement. Elle est en mesure aujourd'hui de se transformer en facteur de création d'emplois. « J'ai été sollicité par la wilaya pour la réalisation de ce marché. On m'avait même conseillé d'en faire un immense pour le regroupement de l'ensemble des marchés et des activités commerciales, y compris celui des voitures neuves et d'occasion. Après y avoir investi tout ce que j'avais et m'être endetté avec la banque, ils m'ont abandonné. Depuis son ouverture en 2001, ce marché est sous-exploité, car illégalement concurrencé par le parking du 19 mai transformé en marché informel du vendredi et la place d'El Bouni », a indiqué Embarek Ayad, gérant de ce marché. Du côté de l'APC de Annaba chargée de la gestion du dossier du parking du complexe sportif du 19 Mai, c'est un autre son de cloche que l'on fait entendre par la voix d'un des élus de cette commune : « Nous précisons que le marché du stade du 19 Mai n'est pas informel. Il représente une ressource financière de 14 millions de dinars pour notre commune. En matière d'implantation de marchés hebdomadaires, l'APC a toute latitude d'octroyer en adjudication des espaces communaux. » Cette déclaration est confirmée par M. Hachichi, directeur de commerce de la wilaya de Annaba. Il a indiqué : « Certes, les précédentes années, nous avions relevé une certaine anarchie dans les activités des marchés hebdomadaires implantés dans la wilaya. Le wali a donné des instructions pour une sérieuse prise en charge de ce dossier dans le cadre d'une commission de wilaya de régularisation que je préside personnellement. Depuis, sur les 22 marchés hebdomadaires en activité, nous avons régularisé 16. Notre travail continue en ce qui concerne les autres. »

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