Le retour annoncé du rallye Paris-Dakar suscite de légitimes inquiétudes au niveau de la société civile, notamment l'association Les amis du Tassili Azjer qui craint que la déferlante du millier de véhicules tout-terrains et l'importante logistique que draine cette manifestation détériorent le fragile écosystème des dunes séculaires et l'inestimable patrimoine historique de la région. Il faut dire que la dizaine de rallyes qui ont traversé dans les années 1980 le Tassili n'ont pas laissé que de bons souvenirs tant les dégâts irrémédiables causés à la flore, à la faune, mais également à l'état des lieux (dégradation des lits d'oued, destruction des rares pâturages, etc.) ont été nombreux. Pour les Amis du Tassili, il n'est évidemment pas dans leurs propos de s'opposer au retour de cette importante manifestation qui par sa médiatisation peut contribuer à la relance du tourisme en donnant l'image d'un pays enfin sécurisé. Leur doléance consiste beaucoup plus à inciter les pouvoirs publics concernés à négocier avec la société organisatrice du rallye (TSO) un nouvel itinéraire qui épargnerait les zones sensibles du Tassili et du Hoggar du reste protégées par la loi. De nouveaux trajets, ce n'est vraiment pas ce qui manque dans ces vastes contrées du Sud algérien nous démontre, carte géographique à l'appui, un des membres de l'association qui propose un détour par le Tanezrouft, le plateau du Tadmait ou l'erg Iguid. Plus d'un million de kilomètres carrés pourraient en effet être mis à la disposition du rallye uniquement pour la zone Centre-Ouest. La négociation, si elle devait avoir lieu, devrait en outre déboucher sur l'élaboration d'un cahier des charges qui contraindrait les partenaires du rallye au strict respect de l'environnement en évitant notamment les chemins interdunaires où se trouvent les vestiges historiques les plus prestigieux. Le Tassili et le Hoggar étant des parcs nationaux protégés, les Amis du Tassili, à leur tête Abdelmadjid Aouchiche, ne demandent en réalité que la stricte application des lois et règlements censés assurer la protection de ces sites qui constituent de véritables musées à ciel ouvert. Les ministères de la Culture, du Tourisme et de l'Intérieur, concernés en premier chef par la préservation de ce précieux patrimoine, sont à ce titre interpellés.