La grève initiée par le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a été, hier, partiellement suivie dans les établissements secondaires. Seuls les enseignants affiliés au CLA ont observé un arrêt de travail, dont certains ont changé d'avis et rejoint leur salle de cours après avoir pris connaissance du communiqué du ministère de l'Education nationale et de la présence d'un dispositif sécuritaire devant les lycées et l'Académie d'Alger. Parmi les grévistes, d'aucuns ont participé au rassemblement tenu en face du lycée Bouamama (ex-Descartes) de 9h30 jusqu'aux environs de 10h30. Pourtant, ils n'ont pu se rendre au siège du ministère de l'Education, situé à une centaine de mètres du sit-in. “On a évité les heurts avec la police, mais on a pris acte du refus du ministère de recevoir la délégation du CLA”, nous a déclaré Redouane Osmane, le secrétaire général du syndicat. Selon lui, “la feuille de route tracée par le Chef du gouvernement, qui consiste à briser toute protestation sociale”, est désormais mise en place. M. Osmane a également estimé que le débrayage n'est pas illégal, considérant que “la chambre administrative n'est pas compétente pour juger de la légalité de la grève”. Cette affirmation, a-t-il indiqué, est en violation avec la Constitution qui consacre le droit de grève, ainsi que les conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT). Hier, les avis étaient partagés à propos de la journée de protestation. Devant le siège du ministère de l'Education, des gardiens ont affirmé que “les policiers ont empêché les grévistes de monter vers le ministère”, non sans désigner le dispositif sécuritaire sur place pour dissuader les récalcitrants. Des élèves de certains établissements de la capitale, à l'exemple des lycées Emir-Abdelkader, El-Idrissi, Mira et Bouamama, ont confirmé l'arrêt, total ou partiel, des cours ; d'autres ont, en revanche, confirmé “la normalité” de la situation dans les lycées Amara-Rachid, Issiakhem et Aïcha-Oum-El-Mouminine (ex-Sainte-Elisabeth). À Ben Aknoun, une enseignante de Amara-Rachid a expliqué les raisons du non-suivi de la protestation. “Nous sommes adhérents au syndicat du Cnapest ; nous avons fait grève dimanche dernier, mais le CLA n'a pas marché avec nous”, a-t-elle confié. Après réflexion, elle a ajouté : “Les enseignants et leurs syndicats ne sont pas organisés ; pourtant ils ont tout à gagner en s'unissant. J'aurais aimé qu'il y ait une action commune, ainsi la tutelle n'aurait rien pu faire. Mais, il y a un début à tout et il ne faut pas se laisser faire.” En début d'après-midi, le CLA, par la voix de son premier responsable, a annoncé que la grève a été “l0argement suivie”, en admettant cependant “quelques défections”. Dans une déclaration parvenue à la rédaction, le syndicat a dénoncé la “violence extrême” du communiqué du ministère de l'Education, qui a été diffusé à la télévision et à la radio, reprochant à la tutelle de faire passer l'activité syndicale pour “un méfait” et de créer “un climat intolérable de peur et de répression”. Il a appelé les enseignants à faire face à cette “nouvelle provocation” et invité les parents d'élèves à “élever leur voix contre la criminalisation de notre combat”, cela dans l'intérêt notamment d'une “éducation publique et de qualité”. Au niveau de l'Académie d'Alger, des sources ont révélé que 2 297 enseignants ont travaillé hier, et seuls 677 enseignants ont fait grève ; ce qui représente un pourcentage de 24,47%. Elles ont en outre signalé que sur les 47 lycées de la capitale, 21 ont observé massivement la grève, les autres ayant connu des taux de suivi “légers”. Selon ces mêmes sources, l'inspectrice de l'académie a observé “avec beaucoup d'attention le recul du suivi de grève” dans les établissements en période d'examens, et salué “le niveau de responsabilité et de vigilance des éducateurs”, affirmant que “les portes du dialogue sont toujours ouvertes” avec les enseignants du secondaire. H. A.