A la veille du concert événement qu'il doit donner ce soir à la Coupole du stade 5 Juillet d'Alger, celui qu'on surnomme le roi du raï, Khaled, a animé, hier après-midi, une conférence de presse au siège de la Télévision algérienne (ENTV). Dès son apparition et avant même qu'il n'atteigne l'estrade, il fut accueilli par une forêt d'appareils photo dans un concert cacophonique de crépitements et sous l'œil vigilant et alerte de sa garde « prétorienne » de VIP. C 'est dire la fébrilité ambiante. Un tantinet timide entre une bouffée de cigarette et un sourire grand comme cela - sa marque de fabrique -, Khaled s'excusera pour avoir fait attendre les journalistes : « Je m'excuse du retard. Vous savez, c'est typiquement algérien... » La glace est brisée. D'emblée, Khaled commentera la promotion anglo-saxonne et américaine de son nouvel album Ya Rayi sorti initialement chez Universal AZ et Wrasse Records et ce par une série de concerts, notamment à Londres et prochainement aux USA à travers une dizaine d'Etats à partir de mai prochain. De front, la chaîne de télévision publique britannique BBC vient de consacrer un film-reportage à la vie de Khaled, le raï et ses origines, tourné en 16/9, à Oran, la patrie du raï, plus précisément à Ekmuhl, son quartier natal, à Protin, chez Blaoui Houari, la légende vivante du style wahrani, à Canastel, pour le genre raï originel acoustique (gasba, bendir, guelal...). « Dans le cadre de la promotion de Ya Rayi dans les pays anglo-saxons, la maison de disque Universal (au contrat monde), les Britanniques ont réalisé ce film pour retracer l'histoire du raï. Pas seulement sur mon histoire, mais celle de l'aventure du raï. Un reportage pour faire découvrir le raï, le chaâbi (à travers la reprise du standard mythique du chaâbi El H'mam de la légende El Hadj M'hamed El Anka)... » A propos de son duo avec Carlos Santana, le grand guitariste américain, sur le titre Love the people/Love the children - en bonus track ainsi qu'avec d'autres titres remixés pour le marché américain - Khaled indiquera : « Mon projet avec Carlos Santana, c'est pour investir le marché des USA. Il fallait une icône. Nous avons travaillé en studio. Et puis, j'ai été invité aux Grammy Awards (récompenses musicales américaines) où j'ai rencontré Stevie Wonder, Mel Gibson... » Quant au litige qui l'a opposé à Universal sur son autonomie et autre ligne éditoriale, Khaled expliquera : « J'avais un problème avec Universal. Maintenant, je suis avec Universal AZ. J'ai prouvé que je ne me laissais pas faire et que je pouvais partir et casser un contrat (pour une certaine autonomie)... » Répondant aux détracteurs à propos du raï « stylisé » extra-algérien, Khaled rétorquera : « Je n'ai pas changé. La musique (le raï) est faite pour être recherchée et évoluer avec son temps. Car elle est ouverte. Il fallait s'adapter culturellement (un passage obligé) avec autrui et par conséquent, en dehors des frontières. Mais avec Ya Rayi, j'ai voulu montrer comment était le raï au début... » Lors de cette conférence, il rendra hommage aux poètes de chîr el melhoun (chant bédouin) comme Abdelkader El Khaldi qui n'est autre que l'auteur illustre de Bakhta et Mostefa Ben Brahim (Yamna), Ahmed Wahbi, Blaoui Houari avec lequel il fait un duo H'mana écrite en 1954 par... Rabah Deriassa. Il qualifiera ce tandem improbable « d'union sacrée ». Khaled envisage de solliciter Rabah Deriassa pour d'autres titres. L'auteur de Trig el lycée et Didi ne manquera pas l'occasion pour saluer le talent du jeune compositeur Farid Aouameur - ayant habillé Ya Rayi et déjà officié auprès de Takfarinas, Amr Diab, Chérifa .