Sur un marché plein de promesses, l'Algérie souhaite accroître sa performance touristique. « Prédisposé par sa localisation et sa richesse culturelle à être une destination de choix, notre pays ne doit plus occuper les dernières places au rang mondial des destinations touristiques ». Tels sont les propos tenus par Mohamed Seghir Kara, ministre du Tourisme, qui a mis à profit sa visite à Béjaïa et Jijel pour asséner certaines vérités. Les zones d'expansion touristique (ZET) seront protégées et la loi sur le littoral sera appliquée dans toute sa rigueur. S'adressant aux autorités locales, il leur demande d'ores et déjà de prendre leurs dispositions pour raser les baraques de fortune ou les habitations qui se situent à l'intérieur des ZET. Il rappelle que « les espaces proches du rivage n'ont pas vocation à accueillir une urbanisation importante. Les sites et paysages remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral et les milieux nécessaires au maintien des équilibres biologiques doivent être préservés. » Toute réalisation liée à une activité nécessitant la proximité immédiate de l'eau (pêche, base nautique) ou liée à un service public et les chemins piétonniers d'accès à la mer sont tolérés. Le domaine public maritime est inaliénable et imprescriptible. Il est inconstructible, mais on peut y intégrer des installations démontables, il ne peut pas supporter d'aménagements en dur ou pouvant nuire à la santé et à la salubrité publique. A Béjaïa, 11 ZET ont été créées totalisant 745 ha. Les deux prioritaires sont celles d'Agrioun et Aokas. Néanmoins, l'opération cadastrale fait ressortir 674 ha, soit un déficit de 71 ha. Le foncier constructible est évalué à 102 ha, soit 13,69 % de la superficie totale, le reste devant constituer des zones de protection. « L'absence du secteur jusqu'à la mise en place des services extérieurs du ministère du Tourisme a ouvert la voie à de multiples agressions sur le foncier touristique au niveau des ZET. Une opération menée avec les services de la DUC a permis de recenser 589 constructions illicites, non seulement à l'intérieur du foncier constructible mais aussi dans les zones de protection défigurant le paysage et générant diverses formes de pollution », souligne un rapport de la direction du tourisme de la wilaya de Béjaïa sur l'état du secteur. Un rapport plus détaillé a été adressé au ministère du Tourisme, à l'Agence nationale du développement du tourisme (ANDT) et au cabinet du wali. L'extraction anarchique de sable a pris des proportions inquiétantes et a entraîné une dégradation perceptible de certaines parties du littoral. La mer, la montagne et la forêt constituent les trois principales richesses naturelles de la wilaya qui offrent aux visiteurs une grande variété de sites. Parmi ceux qui sont les plus visités, citons le pic des Singes, le cap Carbon, les grottes féeriques d'Aokas, le Fort Gouraya où la vue s'étend sur le Djurdjura. Le ministre a animé une conférence de presse où il a confirmé l'intérêt de grands investisseurs et le lancement de grandes opérations dans un futur proche. Il a souligné aussi que l'époque des grands complexes touristiques financés par l'Etat est révolue. Il est demandé aux gestionnaires, notamment des EGT, de réfléchir eux-mêmes à des formules de financement pour restaurer ou faire des extensions d'infrastructures. Le contexte économique et politique a changé. L'Etat est décidé à ne plus investir laissant le champ libre à l'initiative privée nationale ou étrangère et au partenariat avec des groupes de renommée internationale, tout en mettant en place un cadre législatif et réglementaire incitatif.