Avec ses 120 000 habitants, dont plus de la moitié réside au chef-lieu de daïra, la commune d'El Bouni reste la plus atteinte par le mal-vivre et le chômage. Contraints à l'oisiveté en l'absence de toute infrastructure culturelle et sportive viable, les jeunes s'adonnent à toutes les occupations illicites. Le commerce et la consommation de la drogue figurent sur la liste des occupations. Pratiquement pas un seul quartier de cette grande cité qu'est la commune d'El Bouni n'est épargné par ce fléau qui a atteint les CEM et les lycées. Les agressions y sont quotidiennes tant et si bien que les victimes n'éprouvent plus le besoin de déposer plaintes préférant se faire justice. C'est pourquoi la récente arrestation par les éléments de la brigade des stupéfiants d'un dealer notoire en possession de 400 g de cannabis traité et conditionné en plaques de 100 paraît bien illusoire. D'autant que les investigations ont permis de déterminer que le dealer et son fournisseur, âgé de 32 ans, sont depuis longtemps fichés et qu'ils avaient été arrêtés à leur domicile. A El Bouni, la commercialisation et la consommation des psychotropes, toutes couleurs et effets confondus, se sont transformées en une activité tout ce qu'il y a de banal. Tout autant que les agressions dont se rendent coupables des délinquants armés de gourdins qui hantent chaque jeudi les abords du marché hebdomadaire. Leur objectif : racketter les automobilistes en stationnement ; à défaut, se mettre à plusieurs pour les agresser. La réponse des policiers est claire : « Au lieu de dénoncer seulement, il faut déposer plainte sinon rien. » Ce qui a pour effet d'encourager ces délinquants à imposer leur loi avec toutes les interrogations que cela suppose.