En prévision de l'annonce officielle du passage de la filiale du groupe Eriad - Les moulins de Béchar à la phase de privatisation, le collectif des travailleurs de cette entreprise s'est manifesté à travers une lettre datée du 10 avril 2005, adressée au directeur général du groupe Eriad - SBA pour attirer son attention sur la conduite du processus de privatisation qui a requis, selon le collectif, l'approbation de la majorité des travailleurs, en dépit de quelques réticences compréhensibles de certains d'entre eux. L'approbation des travailleurs de l'unité de production de base est néanmoins tempérée et suivie par l'énumération d'un chapelet de griefs formulés à l'endroit de la direction de Béchar et concernant précisément la mauvaise gestion d'Eriad ayant entraîné une baisse vertigineuse de la production de la farine et de la semoule. Et de citer dans leur lettre un cas de malversation opérée par un agent responsable du dépôt de vente de Tabalbala qui a détourné plus de 10 milliards de centimes en 2003 et qui est toujours en fuite. Selon les travailleurs, l'incendie d'origine criminelle qui s'est déclarée à la salle des transformateurs, occasionnant d'importants dégâts matériels, a été évalué à plus de 3 milliards de cts. Le collectif des travailleurs insiste particulièrement sur la mauvaise gestion de l'entreprise, illustrée, affirment-ils, par le surendettement étouffant enregistré par la filiale de Béchar et ayant eu pour conséquence la faiblesse de la production. Dans leur lettre, les travailleurs contestent le bilan annuel 2004 publié par la direction locale, qu'ils considèrent comme complaisant car faisant ressortir une augmentation sensible de la production, passant de 19 151 quintaux pour la semoule et 182 675 q pour la farine en 2003, à 44 507 q et à 204 986 q pour 2004. Un surendettement fatal Ils indiquent que la CCLS de Béchar ainsi que les filiales de Saïda et Sig détiennent à elles seules près de 25 milliards de dettes vis-à-vis de l'unité de production de Béchar. En plus, font-ils encore remarquer, certains dépôts de vente de farine et semoule, fermés depuis 5 années, (Béchar-Djedid, Tindouf et Adrar) et dont les contrats de loyer n'ont pas été annulés, constituent un fardeau supplémentaire aggravant le déficit financier de l'unité. Le surendettement de l'entreprise ayant inévitablement engendré la chute progressive de la production s'expliquerait, selon eux, par l'absence de rigueur dans la gestion, l'austérité dans les dépenses, le dysfonctionnement des services et la démotivation des travailleurs due en grande partie à la perversion dans la pratique syndicale, puisque, d'après eux, le conseil syndical de l'entreprise dont le mandat est arrivé à terme il y a 3 ans, n'a pas été jusqu'ici renouvelé malgré les protestations des travailleurs. Enfin, le collectif des travailleurs au nombre de 223 agents, souligne que parmi ces derniers, qui s'opposent ou émettent des réserves quant au processus de privatisation, sont ceux affectés à des tâches administratives ou dont le recrutement est récent et non ceux des travailleurs affectés à la production de base et disposant de plus de 25 ans d'ancienneté et qui sont favorables à la privatisation.