L'institution militaire est à l'affiche depuis une dizaine de jours. Au plan interne, cela a commencé par la nomination, le 1er mai, au sein du gouvernement, du général-major Abdelmalek Guenaïzia au poste de ministre délégué auprès du ministre de la Défense, détenu par le chef de l'Etat. Un nouveau poste qui intègre désormais cette institution dans le circuit civil normal de la vie nationale. Quatre jours après, six structures importantes de l'armée (CFDAT, AMIA...) voient des changements de leurs chefs respectifs. Ceci s'inscrivant, faut-il le noter, dans un processus de relookage entamé depuis la venue de M. Bouteflika en 1999. Dans le même temps et au plan externe, on note les voyages forts remarquables de deux hauts responsables militaires. Le premier concerne le général major Ahmed Senhadji, secrétaire général du ministère de la Défense nationale, qui, depuis dimanche, est en visite officielle aux Etats-Unis à la tête d'une importante délégation. Selon un communiqué de ce ministère, Senhadji aura des entretiens avec les hauts responsables du département américain de la Défense et examinera avec ses interlocuteurs les voies et moyens de développer la coopération militaire entre les deux pays. Toujours selon la même source, c'est Peter W. Rodman, sous-secrétaire d'Etat à la Défense, chargé des affaires de sécurité internationale, qui a invité Senhadji à se rendre à Washington. Une initiative qui renseigne sur le degré de rapprochement opéré entre les deux capitales à la faveur notamment de la persistance des menaces terroristes. « Washington et les pays qui lui sont associés doivent intensifier leurs efforts pour soutenir le travail de renseignement, l'application des lois antiterroristes, les possibilités militaires des pays de combattre le terrorisme sur leur propre sol ou avec l'aide des Etats-Unis », note le dernier rapport du département d'Etat, présenté le 27 avril dernier devant le Congrès américain. Pour cela, les responsables algériens et américains, réunis à Washington, aborderont d'autres étapes de la lutte antiterroriste que les deux parties vont cerner avec beaucoup plus de précisions et de détails pratiques. Surtout quand on sait que, par exemple, la capture et l'extradition de Abderezak El Para vers l'Algérie ont été rendues possible grâce à une coopération militaire entre les Etats-Unis et les pays concernés par ce dossier. A ce sujet, la vente d'armes et des moyens appropriés pour ce genre de coopération sera au menu des discussions entre Senhadji et Rodman. Cela est d'autant plus important à relever que Rodman joue le rôle de conseiller principal auprès du secrétaire d'Etat à la Défense pour les questions de formulation et de coordination de la stratégie et de la politique de sécurité internationale. Son champ de responsabilité couvre les régions d'Afrique, du Moyen-Orient, du golfe Persique, de l'Asie de l'Est et du Sud et de l'Amérique latine. Rodman est également directeur du centre des programmes de sécurité nationale. Il a donc beaucoup de choses à exposer aux membres de la délégation qui accompagne Senhadji. Ceci particulièrement dans le cadre des réformes qui touchent toutes les structures de l'institution militaire algérienne et l'adaptation de cette dernière aux changements extérieurs. C'est d'ailleurs dans ce contexte que le général major Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), est depuis hier au quartier général de l'Organisation trans-atlantique (OTAN) à Bruxelles. Selon un communiqué du ministère de la Défense nationale, le responsable algérien devra assister, demain, à la deuxième réunion du Comité militaire en session des chefs d'état-major de la défense des pays de l'Alliance atlantique avec ceux des pays du Dialogue méditerranéen. Ce déplacement de Gaïd Salah intervient à l'invitation, précise le communiqué, du général Harald Kujat, président du Comité militaire de l'OTAN. A ce sujet, il est utile de rappeler que Patrick Hardouin, secrétaire général adjoint délégué à la division des affaires politiques et de la politique de sécurité de cette organisation, avait déclaré, lors de sa visite en décembre 2004 à Alger, « extrêmement prometteur » l'avenir de la coopération entre l'Algérie et l'Alliance atlantique dans le domaine de la lutte antiterroriste. Au mois de novembre de la même année, Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l'OTAN, avait séjourné en Algérie dans l'optique de relancer le Dialogue méditerranéen. Ce mécanisme de l'Alliance atlantique, auquel l'Algérie a adhéré en l'an 2000, comprend sept pays de la rive sud de la Méditerranée, dont Israël.