Solidaires y compris jusque dans la menace de suicide collectif que plusieurs de leurs membres avaient tenté de mettre à exécution lundi dernier en début de soirée, les 49 familles casées dans la salle omnisports Plaine Ouest de Annaba ont finalement obtenu gain de cause. Elles avaient été casées dans cette salle au lendemain de l'effondrement de leurs habitations respectives pour les uns et des risques sérieux que présentaient celles occupées par d'autres à la vieille ville. Depuis, n'étaient une visite des autorités locales et quelques audiences glanées au gré des mois et des années leur ayant permis de soumettre leur cas à différents responsables, le sort de ces familles aurait été presque oublié. Cette tentative de suicide collectif de plusieurs chefs de famille, en ingurgitant ou en s'aspergeant d'essence et qui menaçaient de se faire sauter au gaz butane, était en fait l'expression d'un ras-le-bol qui était depuis longtemps contenu. Il a été imposé par les conditions inhumaines. Ces dernières caractérisent le quotidien des 49 familles dont les enfants et les personnes âgées ont été atteints de différentes maladies. Seules les promesses, chaque fois renouvelées, d'un hypothétique recasement dans des logements décents, atténuaient quelque peu le désespoir des 49 pères et mères de famille. Depuis plus d'une semaine, la colère couvait. Samedi déjà, tard le soir, ils avaient perturbé la circulation routière et le calme de la grande cité Plaine Ouest. Ils avaient mis en place un barrage composé d'objets hétéroclites et ont mis le feu à des pneus usagés. L'intervention du chef de daïra et son engagement à trouver une prompte solution à leur situation avaient fait éviter le pire. Le lendemain dimanche, point de solution à l'horizon. S'en est suivi un conciliabule qui, tard le soir, amènera hommes, femmes et enfants à penser à d'autres moyens pour attirer l'attention de l'opinion publique sur les conditions exécrables dans lesquelles vivent leurs familles depuis des mois. Poussés au désespoir, des chefs de famille ont proposé de se sacrifier en mettant fin collectivement à leur vie pour que les autres, au même titre que la majorité des Algériens, puissent vivre dans des logements décents. C'est ce qu'ils ont fait ce lundi en prenant possession des abords et de la toiture de la salle de sports armés de bouteilles d'essence et de gaz butane. « Nous ne voulons pas d'un logement AADL ou LSP. Nous n'avons pas les moyens financiers de nous l'offrir et encore moins le temps d'attendre qu'il soit réalisé. Nous voulons un logement décent en fonction de nos maigres moyens pour fuir cette salle qui se transforme en four l'été et en iceberg l'hiver. Plusieurs de nos enfants et parents ont été victimes de maladies », ont affirmé plusieurs d'entre eux à ceux qui les écoutaient. Dans le lot de leurs interlocuteurs les appelant à la sagesse et à ne pas commettre l'irréparable, de nombreux officiers de police dont le chef de sûreté de wilaya, les éléments de la Protection civile et des citoyens. Ce n'est qu'avec l'arrivée du wali et l'engagement ferme qu'il a pris quant à leur recasement à très court terme dans des logements décents que les auteurs de la tentative de suicide collectif ont mis fin à leur mouvement.