La présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATDF), Ahlem Belhadj, nous livre dans cet entretien les objectifs de cette rencontre et revient sur les atteintes et les graves violations des libertés dans son pays à l'égard des femmes militantes. Pouvez-vous nous dire brièvement quels sont les objectifs de ce séminaire et comment avez-vous initié ce projet Moussawat ? Ce séminaire que nous avons fait coïncider avec la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, marque la deuxième phase du projet Moussawat que nous avons initié avec les deux autres associations algérienne et marocaine, en l'occurrence SOS Femmes en détresse et l'Association marocaine des femmes démocrates, avec le concours de l'Union européenne (UE) et la fondation Friedrich Naumann. Je rappelle que nous avons organisé deux séminaires nationaux en avril 2000 sur « Femmes et médias » et une autre rencontre en mai 2003 sur « Le mouvement féministe autonome : quelle place dans les médias » qui a débouché sur l'organisation de ce séminaire. Quant aux objectifs, il est clair que nous nous sommes basées sur les recommandations pour l'action du SMSI, qui consiste à ce que tous les Etats s'engagent à prendre les mesures adéquates pour atteindre l'égalité. L'objectif de ce séminaire et de tenter d'engager une réflexion pour permettre aux femmes de mieux s'exprimer et de participer à la prise de décisions dans le cadre et par l”intermédiaire des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), promouvoir l'image équilibrée des femmes et non stéréotypée dans les médias, repérer les inégalités entre femmes et hommes et rendre les femmes plus actives en tant qu'agents de développement en luttant contre les obstacles. Il est clair que les recommandations de ce séminaire doivent impérativement déboucher sur un atelier au sommet mondial. Nous revendiquons ainsi la liberté d'expression et l'accès aux femmes aux NTIC. Les femmes peuvent peuvent être des laissées-pour-compte dans la société de l'information en raison du taux important d'analphabétisme et de chômage. La liberté d'expression est au cœur du SMSI, mais elle continue d'être bafouée en Tunisie. Votre objectif est de changer aussi l'image rétrograde des femmes dans les médias ? Absolument. Nous exigeons le libre accès des femmes aux médias, qui constitue la condition essentielle à toute action visant à changer l'image stéréotypée des femmes véhiculée par les médias. C'est pour cette raison que nous avons réparti les travaux de ce séminaire sur trois axes : place des mouvements féminins autonomes dans les médias, approches gouvernementales relatives aux questions des femmes et des médias et enfin les femmes et les NTIC. Les ateliers ont également axé la réflexion sur le nécessaire échange entre les médias et les femmes du mouvement associatif ainsi que les droits des femmes, les médias et la liberté de la presse. Nous avons l'impression, à travers certaines presses, que la femme est à l'origine de tous les maux de la société. L'image des femmes qui est véhiculée par les médias n'est pas du tout brillante. Il est temps que les choses changent dans nos sociétés maghrébines pour l'instauration de sociétés égalitaires et justes. Est-ce que les associations de femmes organisent des rencontres pour justement informer de toutes ces nouvelles techniques et amener les femmes à une forte adhésion à ce principe ? Les associations des femmes indépendantes sont interdites de cité. Leur voix sont étouffées et leurs libertés confisquées. Nous vivons une période particulière, ces derniers temps. Il y a une très forte offensive à l'égard des militants des droits de l'homme. Les femmes sont souvent violentées par les policiers. Les associations vivent réellement une forte pression. Nous sommes interdites d'expression dans les médias et dans la rue. Mais ceci ne nous empêchera pas de continuer notre combat. On nous a bien interdit la salle des conférences, mais nous avons pu organiser notre séminaire avec succès et auquel ont pris part beaucoup d'invités, dont des ONG internationales.