Cela fait plus de 15 ans que les 2000 familles du lotissement les Trois Caves à Zmirli (El Harrach) vivent le calvaire sur plusieurs plans. Le problème de l'eau qui fait défaut depuis plusieurs années a contraint ces populations à se rabattre sur des vendeurs d'eau. Ces « rabatteurs » se font désirer, puisque pour être servi, il faut prendre rendez-vous plusieurs jours à l'avance. « Nous faisons face à une très forte demande d'alimentation des citoyens en eau potable. Ce qui implique automatiquement une certaine organisation pour la satisfaction des clients, qui doivent s'y prendre plusieurs jours à l'avance », nous dira un « livreur » d'eau, qui était en milieu de journée à sa 6e livraison. « La liste est encore longue, ça va aller jusqu'à des heures tardives de la soirée », conclut notre interlocuteur qui ne se plaint d'ailleurs pas de ses recettes journalières. Le calvaire de ses citoyens ne se résume pas au seul problème d'eau. Puisque, pour reprendre l'expression d'un riverain, ce lieudit ressemble en tous point de vue à un quartier touché de plein fouet par un tremblement de terre. Les routes sont dans un état de délabrement qui confirme la thèse de ce citoyen. Il est vraiment impossible de transiter par ce « coin » sans subir le parcours du combattant. De long en large, des tranchées font partie du décor. Les avaloirs sont entièrement bouchés, transformant les lieux, en hiver, à de véritables marécages. Les gravats jonchent la route principale et les ruelles adjacentes. Le contraste est criant, de somptueuses villas sont érigées sans aucune viabilisation. Des fosses sceptiques débordantes dégagent leur contenu à même la nature. Des immondices sont entassés à tout bout de champ. Insalubrité Celui situé en contrebas de l'hôpital Zmirli est le plus volumineux. A notre arrivée sur les lieux, les services de la municipalité venaient de mettre le feu à cette montagne de déjections. Une immense fumée atteignait les fenêtres de l'hôpital. « C'est un véritable crime contre l'environnement et les malades », nous lance une dame qui passait par là. Les constructions illicites, les extensions également illicites et la prolifération des baraques tout au long de la berge de l'oued figurent en bonne place sur le registre des désagréments. Une assiette de terrain, destinée à un projet d'utilité public, a été détournée pour la mise en place d'un site émetteur de téléphone mobile. Cet impair n'a pas laissé indifférente l'association Ennadjah qui a saisi le président de l'APC par courrier en date du 10 juillet 2004. Les citoyens n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour fustiger les élus locaux. Electricité et AEP « Par leur inertie, leur laxisme et leur laisser-aller, les élus locaux veulent transformer notre quartier en Gorias 2. » Effectivement, depuis que le laxisme et le laisser-aller font bon ménage, des constructions sont érigées sans aucun document. « Des citoyens mesurent et construisent sans que personne daigne mettre un frein à ces dilapidations », nous diront plusieurs citoyens avides d'un minimum de conditions de vie. Des câbles électriques de haute et moyenne tensions rasent les terrasses de certaines villas. Ils sont à la hauteur d'un homme. « Dernièrement, un citoyen a trouvé la mort, électrocuté sur une terrasse », témoigne son voisin qui, lui aussi, n'exclut pas les risques qui guettent quotidiennement sa propre progéniture. « J'ai condamné ma terrasse pour interdire à mes enfants de jouir à leur guise de cet espace, le danger est omniprésent », ajoutera-t-il. Devant autant de désagréments, l'association de quartier n'est pas restée les bras croisées. Depuis le 14 juillet 2003 à ce jour, des dizaines de lettres ont été adressées aux autorités locales et aux responsables de Sonelgaz d'El Harrach. « Nous n'avons reçu en guise de réponse, que du mépris ». Se disant dégoûté, le président de cette association conclura en disant : « C'est à l'image de toutes les APC. Les élus ne regardent vers les citoyens que lors des campagnes électorales. Sans plus. » Au siège de la mairie, c'est un autre son de cloche qui prévaut. Le P/APC, que nous avons contacté par téléphone, se veut confiant et impute ce volumineux dossier des Trois Caves aux précédents élus, le qualifiant d'un « héritage empoisonné ». Tout en s'étonnant sur le ton alarmiste des citoyens, le maire d'El Harrach nous dira : « Nous avons réalisé pour 5,6 milliards de centimes presque tout le réseau d'AEP, à savoir un taux de 80%. Nous agissons selon nos moyens. Nous allons aussi, dans les prochains jours, demander une contribution financière des citoyens pour poursuivre et finaliser les travaux de viabilisation. » Et de conclure sur une note optimiste : « Nous allons agir de façon rigoureuse, et que nos concitoyens des Trois Caves sachent que nous ne les avons en aucun cas délaissés. La prise en charge de leurs préoccupations demeure l'une de nos préoccupations majeures. »