Les acquéreurs des logements sociaux participatifs (LSP) à Béjaïa sont dans le désarroi. Leur espoir d'acquérir un logement s'amenuise à mesure qu'approchent les échéances de paiement. Engagés au départ avec l'assurance de n'apporter que 10 % du prix du logement et que la banque (CNEP) accorde un financement de 90%, ils sont aujourd'hui désillusionnés, et pour cause. L'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) les a mis en demeure de verser sous quinzaine la deuxième tranche équivalente à près de 15% du prix restant du logement. « Les ordres de versement sont envoyés suivant l'avancement des travaux », leur a-t-on expliqué. La procédure continue et le reste devra suivre sous peu. Les uns comme les autres sont poussés à se démener pour honorer une échéance à laquelle ils ne s'attendaient guère. Certains le seront lourdement comme ces remplaçants des recalés qui ont dû s'acquitter, sans explication, d'une première tranche de plus de 10 %. Ils espèrent que l'on tiendra compte de cela lors de la deuxième tranche. Dans leurs doléances, certains se plaignent des tracasseries administratives (exigence de refaire de nouvelles fiches de paie), d'autres se désolent de n'avoir pas eu droit à une copie du plan de leur futur logement. Les contrats de réservation signés notent que « l'acquéreur déclare avoir pris connaissance du dossier d'exécution de l'ensemble immobilier sus-indiqué (...) ainsi que les plans coupes et descriptifs de l'immeuble ». Et aussi que « tout est conforme au dossier technique de promotion et d'exécution sur la base duquel seront effectués les travaux qui ont fait l'objet du permis de construire (...) ». L'acheteur adhère aussi « sans réserves à l'ensemble des règles contenues dans le cahier des charges (...) ». Beaucoup parmi les signataires ne verront rien des pièces dont il est question. Ils seront par contre avertis, dans le même document, que « le prix du contrat est révisable en cas de fluctuation économique (...) ». Une révision à la hausse. Comme ils sont avisés que « les charges notariales, droits, émoluments,... découlant des présentes et de leur suite, sont à la charge de l'acquéreur ainsi que les frais du promoteur ». Desserrer l'étau Pris comme dans une trappe, un groupe de fonctionnaires a pris l'initiative de créer une association, non agréée, pour porter devant les services concernés les préoccupations de 360 acquéreurs. Demande d'audience avec le wali, entretien avec le directeur de l'OPGI, demande d'aide de l'APW,... les démarches de l'association traduisent l'image de fonctionnaires désorientés. Par la force des mises en demeure, la plupart d'entre eux se sont acquittés, bon gré mal gré, de la deuxième tranche. L'OPGI, qui n'a pas eu affaire à la CNEP pour le restant du financement, est bousculée par les maîtres d'œuvre. « Les ouvriers ne sont pas payés depuis deux mois » nous apprend-on sur le chantier des blocs A5 et A6 de Tala Ouriane-Sidi Ahmed. Sur place, nous constatons des retards. Un problème d'argent est survenu d'où la pression des entrepreneurs sur le maître d'ouvrage. « Ils allaient arrêter les travaux avant que la situation ne se débloque », nous apprend-on encore. On se plaint des lenteurs administratives qui font que l'apport de la CNL, qui contribue à honorer les factures des entrepreneurs, « prend du temps à arriver ». 360 unités ont été lancées sur le site De Tala Ouriane-Sidi Ahmed en 2002 que le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Mohamed Nadir Hamimid, avait déjà visité. Une instruction de son département a limité à 24 mois le délai maximal de livraison de logements de type LSP. « Où sont les facilitations ? » La remise des clés n'aura pas lieu avant avril 2006. Et encore ! Les contrats qu'a fait signer l'OPGI à certains de ses clients stipulent que le vendeur « se réserve une marge sécuritaire ne pouvant excéder 3 mois ». Ce qui vient à ne pas exclure une réception courant septembre 2006. Des blocs ont de la peine à pousser. Malgré cela, leurs acquéreurs ont été contraints à verser la deuxième tranche. « Nous avons proposé au DG de l'OPGI de revoir les contrats qui nous défavorisent, de réviser le prix du mètre carré et de trouver un consensus concernant les échéances de paiement », nous dit Khaled Keramane, président de l'association en question, en se félicitant de « l'engagement » du DG d'inclure les prix des locaux, récemment proposés à la vente par voie de presse, dans le calcul du prix du logement. L'OPGI n'est pas assuré de pouvoir livrer par tranche. Il faudra attendre donc la dernière pelletée et le dernier coup de pinceau. Entre-temps, des immeubles risquent la dégradation. La formule du LSP, censée être la plus attractive, devait traduire l'engagement de l'Etat à aider à la propriété immobilière. A Béjaïa, les acquéreurs sont à se demander « où sont les facilitations ? »