Si la rencontre de jeudi dernier, prévue à la salle de cinéma Rhumel de Constantine, n'a pas connu d'altercation entre les deux tendances du mouvement El Islah, c'est uniquement parce que les opposants à la ligne prônée par Djaballah ont, à la dernière minute, décidé de la reporter à jeudi prochain. Les « légalistes » conduits par le responsable local du MRN, Moncef Bounab, étaient, il est vrai, vraiment déterminés à torpiller cette rencontre en faisant déplacer sur les lieux, préalablement retenus pour le conclave des « redresseurs » du parti, des militants décidés à en découdre avec les frères ennemis et à empêcher par tous les moyens la tenue de cette réunion. Dans un communiqué rendu public en ce sens, le bureau de wilaya du MRN, tout en dénonçant la tentative de regroupement des « exclus du parti » sous la bannière du mouvement El Islah, affiche d'ailleurs son intention d'user de tous les moyens pour dissuader les « redresseurs » de tenir leur rencontre. Le recours à la force, comme ce fut le cas lors du feuilleton du FLN, est, semble-t-il, un moyen retenu par les partisans de Djaballah, résolus, visiblement, à ne pas céder face à l'expansionnisme politique de l'ex-président du Madjlis choura, M. Boulahia. En attendant, les huissiers de justice et les gérants des salles au niveau de la wilaya de Constantine ont été approchés par les membres du bureau de wilaya du mouvement El Islah, restés fidèles à Djaballah, pour tenter de les dissuader de « composer » avec les « redresseurs » du mouvement. L'administration, à l'origine de l'octroi de l'autorisation accordée aux compagnons de Boulahia pour se rencontrer, a été également saisie par les membres du bureau de wilaya du MRN. En somme, l'escalade que connaît ce mouvement entre ses deux tendances rappelle ce qui s'est passé au FLN et c'est curieusement la salle de cinéma Rhumel qui a vu auparavant une empoignade entre les légalistes du FLN et les redresseurs, en présence à l'époque de Amar Tou, qui a été retenu par les opposants de Djaballah pour tenir leur rencontre. Si elle est maintenue pour ce jeudi comme prévu, les « légalistes » assurent qu'ils seront au rendez-vous pour empêcher sa tenue.