Coïncidant avec la sortie médiatique jeudi dernier de Djaballah, président du mouvement El Islah et ex-leader du parti Ennahda, la rencontre organique animée hier (la deuxième en deux ans) par le secrétaire général d'Ennahda, en l'occurrence Yazid Benaïcha, à la salle de conférences du palais de la culture Malek Haddad à Constantine, semblait obéir, même si les responsables d'Ennahda s'en défendaient, à quelques calculs politiciens liés aux remous et au malaise qui existent au niveau du parti de Djaballah. L'opportunité a été saisie - comme ce fut le cas pour Djaballah - de fustiger et lancer quelques flèches sur les frères ennemis, même si pour les responsables d'Ennahda la principale cible a été Djaballah, que l'on tient pour seul responsable de l'implosion qu'a connue leur mouvement. « Les mêmes pratiques ont été reconduites avec sa nouvelle formation politique qui connaîtra des enchaînements similaires et c'est maintenant que les militants (d'El Islah, ndlr) ont pris conscience du danger que représente Djaballah pour leur parti : trahison, complot, despotisme et zaïmisme, voilà à quoi a eu droit Ennahda en son temps... », dira le président du madjliss echoura, Ali Hafdallah, en ouverture des travaux, qui n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le leader d'El Islah. Hafdallah ne sera pas tendre non plus envers ses militants à qui il demandera plus d'activisme et auxquels il reprochera une attitude attentiste qui nuira, selon lui, à l'avenir politique du parti. Cette rencontre, que les organisateurs ont qualifiée d'ordinaire, a réuni les cadres du parti de 18 wilayas de l'Est afin de débattre de questions « purement organiques ». Le secrétaire général, Benaïcha, saisira quant à lui l'occasion pour réitérer l'adhésion de son mouvement à la politique de réconciliation nationale prônée par le président de la République, avec une prise en charge des victimes de la tragédie nationale, sans omettre de faire une allusion au zaïmisme qui caractérise Djaballah. Malgré toutes ses déclarations, Benaïcha avancera plus tard à la presse que son parti ne s'intéresse nullement aux affaires internes du mouvement El Islah, tout en affirmant que certains militants de ce parti essayent de rejoindre le mouvement Ennahda « car ils ont eu tout le temps pour comprendre ce qui s'est passé durant ces cinq dernières années et de voir qu'ils ne sont pas les véritables décideurs dans ce mouvement ». Cette sortie d'Ennahda révèle au grand jour les intentions de ses responsables de récupérer le maximum de militants dissidents du parti de Djaballah afin de se replacer sur l'échiquier politique.