Concrètement parlant, l'affaire est renvoyée à une date non encore arrêtée. L'avenir politique du président d'El Islah, M.Abdallah Djaballah est sérieusement compromis. Après avoir été empêché des législatives, le leader islamiste est sur le point de rater les locales. Et pour cause, le conseil d'Etat, a renvoyé hier, pour la énième fois, son verdict au sujet du conflit qui l'oppose aux redresseurs du parti. Contacté par nos soins, Me Khababa, avocat de Djaballah, n'a pas caché sa consternation: «L'affaire était en délibéré. Nous étions convaincus que le juge allait trancher aujourd'hui, après plusieurs report». Selon notre interlocuteur, un document remis par une partie, non identifiée, «et dont on ignore le contenu rajouté au dossier de l'affaire est à l'origine de ce revirement de dernière minute.» Qui, sur le plan juridique est en mesure d'interférer à ce stade de l'affaire? Selon Me Khababa, il existe deux parties habilitées à recourir à cette démarche. La première est le ministère de l'intérieur «sachant que l'affaire concerne un parti politique», sans omettre, bien sûr l'aile de Djahid Younsi, le président du parti, issu du congrès tenu le 2 mars dernier. «Je penche beaucoup plus pour la deuxième thèse» a-t-il ajouté. La requête pourrait, ajoute le juriste, avoir un lien avec le dernier congrès. Concrètement parlant, l'affaire est renvoyée à une date non encore arrêtée. «Au mieux, elle sera programmée en décembre. Elle peut prendre même une année.» C'est quasiment le retour à la case de départ. Ce qui brise le dernier espoir de Djaballah de renouer avec la politique sous la casquette de président d'El Islah. M.Lakhdar Benkhelaf, proche collaborateur de Djaballah, déclare à L'Expression «que ce report juridique sonne comme une sanction politique contre le cheikh» Pour lui, il n'existe pas l'ombre d'un doute: «l'objectif de ce report étant d'empêcher El Islah, tendance Djaballah à participer aux élections locales.» Mais, notre interlocuteur craint le pire: «J'espère simplement qu'on ne sera pas exclus définitivement de l'échiquier politique.» En effet, le conflit d'El Islah a connu des rebondissements, souvent inattendus. Le 12 juillet en cours, la chambre administrative près la cour d'Alger, sur demande du parquet décide de retourner à l'instruction une autre affaire opposant les parties antagonistes, après l'avoir mis en délibéré. Cela s'est produit à quelques jours seulement de la conférence de presse tenue par le Mouvement de redressement, dans laquelle on a révélé que M.Abdallah Djaballah, avait lancé une fetwa «qui légitime la liquidation physique des instigateurs de ce mouvement qui a vu le jour le 15 octobre 2004». «M.Mohamed Boulahia, président du conseil consultatif a déjà reçu une lettre anonyme le menaçant de mort s'il persiste dans sa démarche», avait précisé M.Djahid Younsi. Ce n'est pas tout. Selon le conférencier, «Djaballah aurai confié à un député proche de lui qu'il est prêt à recourir à cette forme de violence avec tous ceux qui dévient de la ligne qu'il a tracée, citant principalement les cinq chefs de file du mouvement de redressement». Des accusations graves qui semblaient être prises en considération par la justice. Le 18 juillet en cours, la chambre administrative près la cour d'Alger, restitue le siège national à Djaballah et désapprouve les redresseurs. Retour d'espoir dans le camp de Djaballah. Mais cet espoir n'a duré qu'une semaine. Il faut préciser que ce report donne carte blanche à M.Djahid Younsi, de préparer ses listes électorales pour les prochaines locales. L'autorisation provisoire accordée par le ministère de l'Intérieur à cette aile d'El Islah d'activer officiellement, est valable «jusqu' au dénouement du conflit judiciaire» or cette crise ne semble pas être prête de connaître son épilogue.