Ibn Khaldoun a accueilli dimanche soir un concert de musique indienne, le Gandharva Veda, une musique qui date de l'époque de la civilisation védique. Sumitra Guha au chant, Marie Courvoisier au tempura et un autre musicien au tabla. Assis en lotus sur une estrade au centre de la scène, des plantes vertes entourent les musiciens de la paix. Lumière tamisée, un public silencieux et respectueux, l'ambiance est on ne peut plus zen. La grande chanteuse de gandharva véda entame sa longue litanie d'une voix fine et chargée de spiritualité. Le son du tabla se fait tantôt aussi tendre que le bruit de l'eau dans sa longue marche vers la mer, tantôt aussi déchaîné que les vagues qui battent un rocher. Le tempura, lui, distille un son continu, semblable à de nombreux bruits émis par Dame Nature. Une « douce » mélancolie circule dans la grande salle où le public est peu nombreux. La première demi-heure passe sans qu'on s'en aperçoive, à peine troublée par des chuchotements ou des sonneries de portables. Pourtant, un petit mouvement dans l'assistance prouve l'ennui de certains. C'est que cette musique, ancienne de 5000 ans, ne s'adresse pas à tous. Il est clair qu'il faut être proche de la nature, attiré par ses éléments et être à l'écoute de soi le plus profond. Le gandharva Veda pénètre directement dans l'âme pour la purifier, y apporter la paix et transporter le cœur vers d'autres contrées lointaines. L'humeur se transforme et devient pure sérénité. Peut-être grâce à son lien étroit avec la religion de l'époque... Parce que les gandharva sont des êtres brillants, représentant l'harmonie et la senteur des parfums. Le Veda, littéralement « ce qui a été vu », vu ou perçu directement par l'intuition supérieure des Rishis, les sages visionnaires de l'antiquité. Il s'agit d'un corpus de textes religieux, considéré comme « révélés » par les Dieux. Ils furent longtemps transmis de maître en maître oralement, avant d'être consignés par écrit, quelques siècles avant notre ère. Selon la tradition, les Veda expriment les lois mêmes de la création.