Le projet d'amnistie générale, annoncé, il y a quelque mois, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, doit toucher seulement les crimes économiques. Telle est la proposition livrée par le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati. Invité, jeudi, du forum de la Chaîne II de la radio nationale, il a déclaré que ce projet « ne doit toucher que les crimes économiques afin de permettre le rapatriement des capitaux algériens déposés dans des banques étrangères ». Citant un rapport de l'Union des banques suisses sur trois pays arabes, dont l'Egypte et l'Algérie, Moussa Touati a affirmé que le montant global des capitaux algériens à l'étranger s'élève à 100 milliards de dollars. « Il faut que cet argent soit rapatrié et investi en Algérie », a-t-il lancé. S'agissant du deuxième volet de l'amnistie générale, en l'occurrence les conséquences de « la tragédie nationale », le président du FNA précise que « la loi doit être appliquée et la justice doit faire son travail ». « Il ne faut pas faire un pont sur les lois du pays. Le chef de l'Etat doit exercer ses prérogatives constitutionnelles », a-t-il indiqué, remettant ainsi en cause l'idée d'un référendum sur la question. Selon lui, les victimes du terrorisme ont également leur mot à dire sur le sujet. A une question de savoir si son idée de l'amnistie des crimes économiques touche aussi l'affaire Khalifa, Moussa Touati répond par non. Pour lui, Khalifa « est venu pour blanchir ces capitaux déposés à l'étranger et ne peut bénéficier de l'amnistie ». Le FNA est également contre la signature du traité d'amitié entre l'Algérie et la France. Le parti approuvera ce traité à la condition que la France demande, au préalable, pardon au peuple algérien pour les crimes qu'elle a commis pendant la période coloniale. « Il faut que le pays colonisateur demande pardon aux Algériens. Sinon, nous rejetons le projet du traité d'amitié », a-t-il ajouté. Revenant sur les réformes économiques, le patron du FNA se dit favorable à un capitalisme social. De ce fait, il est pour la privatisation des entreprises déstructurées et réaffirme le rejet de son parti du projet de loi sur les hydrocarbures. « Nous sommes contre le projet Khelil. Il ne vise pas le développement de secteur de l'énergie, mais le pompage du pétrole algérien », a-t-il souligné. La loi sur les hydrocarbures, rappelons-le, a été adoptée par l'Assemblée populaire nationale (APN) en mars dernier. Le malheureux candidat aux élections du huit avril 2004 est revenu aussi sur sa disqualification de la course à la présidence par le Conseil constitutionnel et son soutien au candidat Ali Benflis. « Le Conseil constitutionnel nous a privés arbitrairement de 6 000 signatures, sans donner des preuves convaincantes. Après notre disqualification, Ali Benflis s'est adressé à nous pour demander notre soutien en déclarant qu'il était lésé », a-t-il précisé. Mais Touati, dont le parti avait appelé avant cette association avec Benflis à un vote à bulletin blanc, prend à sa faveur les 40 000 bulletins blancs recensés lors de la dernière présidentielle. « Ce chiffre est important pour nous », a-t-il énoncé. Concernant la crise interne ayant secoué sa formation ces derniers mois, Moussa Touati a affirmé que les choses sont rentrées dans l'ordre et même « les deux députés dissidents ont voulu rejoindre le parti ». Dans la foulée, il a annoncé la préparation du deuxième congrès du parti, prévu en mai 2008.