La Bibliothèque nationale (BN) d'El Hamma à Alger a accueilli mercredi dernier la projection-débat d'une partie du documentaire « Célestin, moine de Tibhirine », coréalisé par Hocine Saâdi et Pierre Mathiote. En présence de Mgr Teissier, archevêque d'Alger, du directeur de la BN Amine Zaoui et de nombreux représentants et membres des congrégations chrétiennes installées en Algérie, Saâdi a présenté ce travail, commencé en 1998, et dont l'avant-première a été organisée à Nantes en France en 2002. C'est l'histoire d'un massacre qui n'a pu avoir raison de la fraternité entre chrétiens et musulmans. Les corps des sept moines trappistes de Tibhirine sont retrouvés près de Médéa, le 21 mai 1996, après leur enlèvement revendiqué par le groupe armé activant dans la région. Le film veut s'éloigner de la polémique née récemment autour de la responsabilité de ce crime. « Le film a été réalisé bien avant cette polémique », indique Saâdi qui défend un témoignage émouvant sur l'itinéraire humaniste d'un homme, le frère Célestin, assassiné avec ses frères il y a de cela neuf ans. Célestin Ringeard rencontre l'Algérie en tant qu'infirmier de l'armée française lors de la guerre de Libération nationale. Il vient en aide à un prisonnier algérien, le lieutenant Hallouz de l'ALN. De retour en France, Ringeard décide de devenir moine. A Nantes, il s'engage auprès des marginaux au point de devenir une personnalité connue et estimée de tous. Le hasard fait que le fils du lieutenant Hallouz le contacte alors que le destin « parchemine » sa trame vers une installation en Algérie chez les moines trappistes. L'ancien infirmier et l'ancien officier de l'ALN se rencontrent à Alger. L'Histoire avec un grand H semble perdue devant la bonne volonté des hommes qui pourtant la font. Ou la rendent plus supportable. S'ensuivent l'œuvre altruiste et la vie simple et pleine d'entente avec leurs voisins musulmans à Tibhirine, monastère perché sur les collines près de Médéa dont l'appellation surgit dans la vie sécuritaire du pays en ce printemps 1996. « Je ne veux pas juger mais témoigner », assure le coréalisateur. La mémoire est à faire. Mais comme s'interroge l'archevêque d'Alger, pourrions-nous tout se remémorer ? Et maintenant ?