A deux jours de la commémoration de l'assassinat des sept moines trappistes à Médéa, un 19 mai 1996, la Bibliothèque nationale d'El Hamma a consacré, mercredi dernier, son Café son et image à la projection du film-documentaire Célestin, moine de Tibhirine. Coréalisé par Pierre Mathiote et Hocine Saïdi, ce film qui date de 1998 se veut selon son auteur, rendre hommage à un personnage qui a consacré sa vie à l'action humanitaire en servant autrui. Apolitique, même s'il fait référence à certains éléments chronologiques phares qui ont traversé le pays, à cette période chaude de notre histoire, et notamment le GIA avec ses communiqués-appels au meurtre et son commanditaire Djamel Zinouni, le film retrace en fait le parcours de ce moine. Célestin, lors de la révolution algérienne, était infirmier à Saïda et a pris soin d'un moudjahid du nom d'Ahmed Halouz. Après l'indépendance, Célestin qui s'engagera à servir Dieu à Nantes, se consacrera beaucoup à aider autrui et notamment les jeunes en difficulté. Il reverra à Tiaret Halouz une ou deux fois, avant le décès de ce dernier. Pour des raisons de timing, la durée de la projection a été écourtée (60 minutes au lieu d'une heure et demie). L'essentiel était sans doute de débattre et de se rappeler l'oeuvre de cet homme qui n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qui, malgré leur différence, n'ont pas fait cas de leur appartenance sociale ou religieuse et ont bravé le danger par amour de la justice et la dignité humaine de la tolérance. Monseigneur Teissier, archevêque d'Alger aura cette belle expression de qualifier les moines trappistes «d'hommes de caverne» selon «une tradition, dit-il, qui existe dans le Coran». «J'ai commencé à faire ce film avant le début de la polémique. Il n'y a pas de confusion islam/christianisme dans le film. Mon objectif était d'évoquer le parcours de ce moine qui a compris la révolution. De rendre hommage à cet homme qui, hélas a mal fini. Sa vie a été conjuguée au destin des autres moines. Son humanisme m'a profondément impressionné...», confie Hocine Saïdi qui prépare actuellement un documentaire sur la presse algérienne. Emouvant, Célestin, moine de Tibhirine donne à voir le témoignage de plusieurs personnes dont des hommes de l'église ou encore des journalistes qui tenteront de décortiquer l'atmosphère chaotique qui régnait durant la décennie noire. Le film lève le voile sur une communauté qui, malgré le mal ambiant, son isolement, voire sa marginalisation, oeuvrait pour le bien de tous. Déjà projeté à l'étranger, le film «fait une carrière» en DVD en France en attendant qu'il soit un jour diffusé à la Télévision algérienne...