Ils n'étaient pas là lors du vote sur le code de la famille, étaient absents au cours de l'adoption de la loi sur les hydrocarbures, ailleurs pour le passage de la loi de finances et généralement occupés à réparer leur parabole ou à négocier de la terre pendant les débats sur les sujets sensibles. Les députés algériens étaient pourtant tous à l'APN avant-hier pour entendre Ahmed Ouyahia faire sa déclaration de politique générale, une formalité administrative dont l'essentiel pouvait être entendu à la radio, vu à la télévision ou lu sur Internet ou dans les salons de coiffure. Pourquoi donc les députés aux grandes mains sont-ils tous venus, sans exception, alors que le chef du gouvernement n'a fait que dire ce que disent les chefs de gouvernement depuis longtemps, un global « laqad nadjahna » (« nous avons gagné »), pour reprendre la phrase-bilan de l'ex-chef du gouvernement, Mokdad Sifi ? Si les psychanalystes expliquent cette rare disponibilité par un sentiment de culpabilité (les députés sont censés représenter le peuple, ce qui n'est pas très bien vu dans les hautes sphères), les mauvaises langues affirment que les députés sont en fait nommés par le gouvernement et que son chef, Ahmed Ouyahia, tient à les voir pour repérer les absents. Ce n'est pas vrai, l'Algérie n'est pas une république bananière, mais une démocratie directe où les représentants du peuple sont élus au suffrage universel, à l'exception de la Kabylie où les maires sont désignés par Belaïd Abrika. Alors, pourquoi aucun député n'a-t-il raté la séance, l'hémicycle ayant affiché complet, comme rarement dans la sage histoire de la députation algérienne ? Il y aurait une explication, bien que très éloignée de la raison politique pure : les députés seraient en fait venus en masse pour voir qui est cet homme si généreux qui les paye si bien pour ne rien faire.