Au vu du rush qui déferle en période estivale sur le littoral béjaoui, peut-on prétendre parler de tourisme populaire ? Les congés pour la grande masse passent-ils pour être de réelles vacances au sens du voyage et du changement ? Le volume des sédentaristes sur les côtes du Sahel et du Saphir ne semble pas plaider pour une affirmation favorable. Les 18 hôtels constituant l'infrastructure balnéaire ont comptabilisé, l'été passé, pour une capacité globale de 1768 lits, 35406 arrivées pour 68304 nuitées. Disons un séjour moyen de 3 jours par hôte. Une bien maigre évasion hors coordonnées pour nos concitoyens. On est amené à penser que la déferlante des 13 049 205 fréquentations enregistrées du 1er juin 2004 au 30 août 2004 au niveau des 29 plages autorisées est plutôt en majorité constituée d'estivants locaux qui globalement reprennent le chemin de leur domicile. Les tarifs exorbitants et, en de nombreux établissements, inversement proportionnels au service offert, sont l'autre indicateur qui n'encourage pas à un décollage du secteur, le sachant pertinemment obligé de se rabattre sur la clientèle nationale en absence de flux de l'étranger. En moyenne, une chambre en single à 5 000 dinars en pension complète, un appartement à demi-pension pour 5 personnes à 9 000 DA la journée, voilà de quoi décourager plus d'un. On peut toujours se rabattre sur l'auberge de jeunesse de Tichy à 100 DA la nuitée pour les jeunes ou les 45 campings familiaux à raison de 10 000 à 20 000 DA la session. Là aussi, il faut se lever tôt pour décrocher un lit sur les 50 (en chambre) et les 20 (en tente) de l'auberge. Idem au niveau des camps de toile. Si l'on considère que l'autorisation d'ouverture plafonne à 120 le nombre de personnes par camp, on déchante vite sur la capacité d'accueil. La municipalité de Tichy a, selon son président d'APC, tenté de développer un tourisme à vocation sociale mais le projet n'a pas abouti. L'intention était « d'ouvrir beaucoup de camps de toile et de transformer les écoles de la commune en centres d'hébergement », mais les deux options n'ont pu être concrétisées, car, pour la première, « la demande de concession de terres domaniales est restée sans réponse » et la deuxième, suite « au refus de la DE du détournement des infrastructures scolaires de leur vocation ». Seuls afficheront complets les quelques centres de vacances gérés par les œuvres sociales des entreprises et de l'administration locales. Mais là encore, ce n'est pas tout le monde qui en bénéficie.