Un groupe d'habitants de la ville de Ghazaouet, dénommé le collectif des citoyens antipollution, sort de son silence pour dénoncer « l'unité Alzinc de Ghazaouet qui pollue à outrance, faisant fi de tout acte humain pouvant réduire cette pollution. Il ne nous est plus permis de respirer tellement les rejets sont importants, anarchiques et incontrôlables. Ghazaouet est devenue une ville à fuir. » Et de s'interroger : « mais ou aller ? » Selon ce collectif, « la fréquence alarmante de certaines maladies, jadis rares (cancer du poumon, leucémie, asthme, myopie, infarctus du myocarde, fragilité des os et fractures, etc.) font penser à une véritable malédiction qui s'abat sur nous. » Fort de la loi 10/03 du 17 juillet 2003, relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable qui fait obligation à toute industrie de ne pas mettre en danger la santé des citoyens, les habitants interpellent les autorités de l'Etat afin « d'éviter une catastrophe écologique. » A son tour, l'association pour la sauvegarde et la promotion de l'environnement de la wilaya de Tlemcen (Aspewit) réagit : « suite à plusieurs appels téléphoniques des citoyens faisant part de leurs préoccupations environnementales, pendant cette période de canicule, les habitants de Ghazaouet souffrent le martyr avec les déperditions et les émanations toxiques de l'entreprise Alzinc. En 2000, nous avions justement porté plainte devant la justice contre cette entreprise. » Et de faire des propositions :« nous demandons le délocalisation de cette usine dans un endroit approprié ou son redéploiement puisque la mine d'El Abed ne fournit plus de zinc. Il est nécessaire que le ministre de la Santé fasse une étude épidémiologique, comme il est souhaitable que le gouvernement organise un arbitrage entre Alzinc et la société civile pour lutter contre toutes les spéculations. » Pourtant, en 2003, cette usine a entrepris une réhabilitation qui a coûté plusieurs milliards de centimes, si l'on se réfère à certaines sources. Le redémarrage des machines s'était effectué dans un grand enthousiasme, mais depuis... la grande cheminée et sa fumée reviennent sur les devants de la scène. « Nous espérons une fin à notre lente agonie écologique », concluent les habitants.